En ce milieu d’année 1999, la grande mode du retour des seventies est -commercialement parlant- sur le point de s’achever. Le filon a quasiment été exploité au maximum, et le cinéma aux apparences hippies ne fonctionne plus aussi bien qu’à l’époque du retour des Doors (via la mise en scène d’un Oliver Stone ayant été un des premiers à repérer cette poule aux œufs d’or commerciale qu’était ce revival du rock 70’s).
Mais comme toute bonne idée digne de rapporter du fric à l’industrie cinématographique, celle-ci se doit d’être exploitée au maximum, quitte à dégoûter les spectateurs. En effet, tant que le public n’a pas atteint cette limite, producteurs et réalisateurs ne se lassent pas de le gaver comme une oie avec des idioties encore capables de lui faire cracher son fric. Still crazy, de Brian Gibson, représente parfaitement l’extrémité de ce genre de procédé commercial.
Nous avons ici affaire au film d’un réalisateur ayant raclé les fonds de tiroirs afin d’en extraire ce qui n’avait pas encore été montré. Tout le côté honteux et repoussant jusqu’à présent gardé secret avec ce genre de films-, afin de conserver les apparences glamouro-factices des rockers de l’époque-, nous est ici exhibé sous un second degré maladroit, oscillant entre un rockumentaire allemand foireux et les plus mauvais gags de Spinal Tap…
Mettre en scène l’histoire de ce groupe de rock des années 70, qui se reforme vingt ans après leur séparation, n’est donc qu’un prétexte pour nous montrer de vieux débris ventrus, incapables de se retenir plus de cinq minutes sans lâcher pets foireux ou rots bièreux. Le malin plaisir du réalisateur à ridiculiser ses icônes (qui n’en sont plus) de cette manière, ou encore en nous les montrant sur scène jouant et chantant faux, constitue le procédé comique récurrent du film. Ce petit jeu est à peine drôle cinq minutes durant, puis chiant à en mourir pour l’heure et demie suivante.
Notons que le réalisateur tente tout de même de se racheter avec le clou final de son film, lequel montre ses rockers réussir enfin un concert gigantesque. Avec en clôture son slow magistralement mielleux -annonçant le générique de fin-, ce spectacle, ringard au possible, incitera peut-être le plus crétin des spectateurs à laisser couler une larme, pour ensuite se dire intérieurement : « oh, ils ont beau puer et être vieux, ils restent tout de même magnifiques ».