Dernier en date de la série des thrillers apocalyptiques, particulièrement faste en cette période post-millénariste (voir le récent nanar La Fin des temps), Stigmata est sans aucun doute le plus mauvais d’entre eux. Si l’on croyait avoir tout vu avec Schwarzenegger en Christ, il nous faut cette fois-ci supporter Patricia Arquette en sainte, et constater, par là même, le manque flagrant de modestie dont sont frappés les scénaristes à Hollywood.
Si l’on est parfois prêt à oublier quelque peu notre rationalisme pour nous laisser entraîner dans ce grand spectacle que sont les blockbusters, force est de constater que nos concessions touchent leur point critique quand elles concernent des élucubrations filmiques telles que Stigmata. Rupert Wainwright nous propose sans aucun ménagement une sombre histoire de possession aussi maladroite que peu crédible. En voyage au Brésil, la mère de Frankie (Patricia Arquette, confinée dans un rôle de minette hyper tendance) lui envoie un rosaire volé qui a en fait appartenu à un prêtre hérétique. Le corps de la jeune femme est alors en proie à l’apparition mystérieuse de stigmates dont le caractère religieux attire la curiosité du père Kiernan (Gabriel Byrne, qui, après avoir joué le diable dans La Fin des temps, revêt ici la soutane d’un prêtre scientifique). A défaut d’une mise en scène qui lierait la sauce, le scénario du film subit surtout les atteintes répétées du publicitaire (Reebok, Sprint…) et clippeur (Michael Jackson, MC Hammer…) que fut Wainwright avant de passer au cinéma. De mini-clips avec des images en flash, qui figurent entre autres une madone en négatif ou Patricia Arquette en martyr avec une couronne d’épines sur la tête, ponctuent ainsi régulièrement le film afin de lui insuffler en vain un rythme qui lui fait défaut. Maniériste de la vacuité, le cinéaste lorgne sans vergogne vers un public de jeunes branchés fidèles à MTV qu’il espère séduire par sa réalisation « toute de toc vêtue », mais qu’il prend en fait pour des imbéciles en lui faisant gober les pires fadaises enjolivées d’un vernis hype.
Mix raté entre la modernité de l’univers rock (la musique du film est composée par Billy Corgan des Smashing Pumpkins) et le mysticisme d’un thriller d’inspiration religieuse, Stigmata enchaîne les maladresses comme autant de perles du mauvais goût. Et l’apparition finale de Patricia Arquette en sainte jouant avec des colombes, tel un saint François d’Assise féminin du XXe siècle, résume à elle seule la bêtise des images qu’il faudra ingurgiter pour suivre jusqu’au bout ce navet de l’esbroufe.