Souvenirs mortels tente d’exploiter (en vain) le succès rencontré en Espagne par les thrillers d’Alejandro Amenabar. Ni gore, ni réellement terrifiant, pas plus que cérébral d’ailleurs, le premier long métrage d’Alvaro Fernandez Armero n’apporte rien de singulier et manque autant d’identité que de corps. Surtout, le film ne trouvera même pas sa place au panthéon du mythique cinéma fantastique espagnol, aux penchants très Z, emmené par l’empereur flamboyant du mauvais goût ibérique, le dénommé Jess Franco.
Pourtant, Fernandez Armero disposait d’un vrai bâton de dynamite dans ses cartons. Car derrière l’amas de péripéties peu haletantes qui s’accumulent se cache un véritable sujet de cinéma. Brièvement évoqué par l’un des personnages, il n’existe que comme prétexte à un récit, de surcroît peu imaginatif : si nous mettons neuf mois à venir au monde, pourquoi ne mettrions-nous pas autant de temps pour mourir, sachant que la mort peut-être envisagée comme la perte progressive du souvenir jusqu’au vide fatal ?Totalement inconscient du trésor sur lequel il repose, le film fait fi de ces infinies potentialités multidimensionnelles pour se lancer dans une course à la vie, ésotérique mais peu transcendante.
Quatre ans après la disparition inexpliquée d’un jeune peintre arrogant, ses anciens amis décident de déterrer son cadavre pour le cacher ailleurs, mais un incendie ravage la maison où le corps est enseveli et la bande en réchappe par miracle. Temporairement, puisque l’un après l’autre, ils trouvent la mort dans des conditions mystérieuses. En déplaçant sans cesse le sujet du film, que s’est-t-il passé ?, puis qui est l’auteur du meurtre ?, puis vont-ils être découverts ?, puis qui les élimine ?, le film parvient à faire illusion une vingtaine de minutes avant de sombrer dans la routine des meurtres sans surprise, jusqu’à l’exhumation inutile de la scène du crime. Là où Destination finale mettait en scène l’œuvre à rebours et nécrophile du destin, Souvenirs mortels se contente d’une banale histoire de vengeance spiritualisée.