Retour vers le futur meets Un Jour sans fin : un pilote d’hélicoptère se retrouve catapulté dans le corps d’un autre, passager d’un train sur le point d’exploser, afin d’identifier le poseur de bombe – puisqu’il peut, en outre, revivre à loisir les huit minutes précédant l’explosion. On sait bien que l’efficacité minimum d’une série B tient souvent à l’ingéniosité de son scénario, et plus spécifiquement aux idées qui, en lui, s’offrent comme de purs leviers pour la mise en scène. Source Code ne fait pas mentir cette règle. Le plaisir de la répétition, des effets de manche, tout ce qui fait tenir l’ensemble debout prend sa source à l’écriture, à la fois squelette et chair. Pour une bonne série B, il faut un peu plus : il faut, sur le canevas général, que quelque chose d’inattendu, d’inespéré, se déploie.
Source Code peut se voir ainsi comme un gros court-métrage dont on aurait étiré le potentiel et les dimensions avec ingéniosité mais sans génie, ni vrai talent. Rien de catastrophique ici mais le film suscite un vrai regret. Source Code se crispe autour de deux obsessions : clarifier au maximum ce qui est alambiqué (beaucoup de scènes explicatives du concept, comme des remises à niveau dans un espace temps officiellement en marge de l’action), et tout miser sur l’adrénaline générée par la course contre la montre. Sans doute fallait-il en passer par ce dépouillage extrême pour garder en éveil le spectateur (de ce point de vue, ça marche), mais ce repli vers plus toujours d’efficacité tue dans l’œuf tout ce aurait pu conférer un peu d’ampleur : image terne, peu soignée (les effets spéciaux, d’une laideur repoussante), personnages secondaires caractérisés à l’extrême… Enfin, le questionnement sur le libre arbitre en Amérique, point d’arrivée de l’intrigue (le héros est instrumentalisé par-delà sa propre mort par un simili FBI méphistophélique), est trop gadgétisé pour dégager la moindre effluve subversive. Les acteurs résistent néanmoins, trouvant même le moyen de s’imposer : on aime bien Gyllenhaal, de retour après quelques déceptions successives (Prince of Persia, Love et autres drogues), mais surtout Vera Farmiga, créature bis osseuse vraiment strange.