Si l’on sait très peu de choses sur le cinéma colombien, force est d’avouer que le film de Luis Ospina ne nous encourage pas à fouiller plus avant cette cinématographie lointaine. Considéré comme l’un des « créateurs les plus originaux » du pays, dixit Barbet Schroeder dans le dossier de presse, Luis Ospina échoue pourtant dans sa tentative de nous livrer un film noir à la sauce latina. Quelque part entre la noirceur glauque des œuvres d’Arturo Ripstein et l’univers référentiel du Docteur Chance de F.J. Ossang, Soplo de vida navigue sans cesse entre le second degré ironique et le mélodrame frontal sans jamais intéresser ni émouvoir.
A partir d’un récit pour le moins déroutant dans lequel flash-back et points de vue s’entrecroisent, Luis Opsina construit un univers pastichant les clichés du polar américain des années 30-40. Un détective privé nommé Emerson (à prononcer à l’espagnole en roulant le « r »), la cigarette en permanence au bout des lèvres et l’inusable imperméable beige flanqué sur les épaules, décide d’enquêter sur le meurtre d’une mystérieuse jeune fille baptisée « Hirondelle ». Il s’installe dans l’hôtel où a péri la victime pour tenter de mieux la connaître. Plus il interroge les personnes qui ont fréquenté Hirondelle, plus l’identité de cette dernière s’opacifie. Fondé sur le même principe, Soplo de vida n’est pas sans rappeler le récent J’ai tué Clémence Acéra de Jean-Luc Gaget. On y trouve le même climat étrange et la même volonté de « faire dans le bizarre » au travers de seconds rôles très caricaturaux. Pour mener à bien son enquête le détective doit ainsi se farcir un politicien véreux adepte de très jeunes adolescentes, un réceptionniste un peu « folle » qui adore se travestir, un matador qui a peur des taureaux, une femme fatale trop mûre, etc. Aussi saugrenue que cette galerie de portrait, la lumière du film a la fausse bonne idée de copier celle des polars d’antan. Sauf que le long métrage d’Ospina n’est pas en noir et blanc et que les jeux d’ombres sont alors remplacés par d’affreux faisceaux roses, jaunes et bleus très Beineix. Objet pour le moins insolite, Soplo de vida cultive un mauvais goût qui pour le coup n’a vraiment rien de parodique.