A la question, comment faire un cinéma révolutionnaire, une seule réponse, faire révolutionnairement du cinéma. Quelles implications cela sous-entend-il au sein d’une industrie culturelle régie par des règles commerciales, et où film rime de plus en plus avec « lessive », « portable », « canigou » (continuez vous même la liste) ? Cela veut dire refuser certains compromis et, en l’occurrence, savoir se glisser dans les mailles du filet.
Solo Tu raconte donc l’histoire d’une jeune femme, de sa rencontre avec un jeune homme, puis de leur séparation. Vous le savez depuis longtemps : peu importe le sujet -hors propagande tout est acceptable- car tout est toujours dans la manière. Et là, Anne Benhaïem et Bruno Dommerc ont retenu la leçon des grands (de Rossellini à Straub) : il faut laisser le temps aux choses de se découvrir pour qu’elles existent (au cinéma, comme dans la vie). A l’inverse d’une certaine tendance du jeune cinéma français qui se complaît dans une vision lisse et conventionnelle du monde (de A Vendre à La Vie rêvée des anges la différence n’est qu’esthétique ; sur le fond c’est le même vide qui s’expose), Solo tu joue la prise de risque.
Qu’attend-on au fond du cinéma, si ce n’est des moments de bonheur partagés, la certitude que quelque part il existe un lieu où des expériences puissent être partagées. Et c’est vers ce lieu unique que nous emmène Solo tu. Pourquoi en parler plus longtemps puisque avant tout, ce film est du cinéma, parce que ce qu’il montre ne pouvait être dit. Vous savez ce qu’il vous reste à faire…
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