Pour Sarah Michelle Gellar, le passage du petit au grand écran se révèle problématique. Si on pouvait lui trouver des qualités en marquise de Merteuil super salope dans la récente version teenage des Liaisons dangereuses (Sexe intentions), la star de Buffy contre les vampires convainc beaucoup moins en héroïne romantique. Le choix du film est sans doute la raison majeure d’une telle débandade, car la nullité de Simplement irrésistible a de quoi laisser pantois les fans les plus acharnés de la jolie Sarah Michelle.
La blonde plantureuse campe ici Amanda Shelton, une apprentie cuisinière en mal de talent (son resto est en train de couler). Jusqu’au jour où elle croise sur son chemin un golden boy et… un crabe magique, qui la conduiront tous deux au succès et, bien sûr, à l’amour. Les appas d’Amanda ne sont pas forcément ceux que l’on croit, et si notre maître queux séduit tout le monde sur son passage, c’est moins pour son physique de bimbo post-pubère que pour le raffinement de ses mets. Car les plats d’Amanda envoûtent, font pleurer, envoient les hommes au plafond (au septième ciel ?), émettent un brouillard aphrodisiaque, etc. Bref, le spectateur subit mille et une variations débiles autour de la bouffe, histoire de tenir 1h30 avant que Sarah Michelle ne conquière définitivement son imbécile de jules, dont on se demande ce qu’elle peut lui trouver (il est aussi fade qu’insignifiant). Mais le vrai prétendant d’Amanda semble être son ami le crabe, marionnette foireuse auquel le film consacre en moyenne un plan tous les quarts d’heure. Le crustacé, quelque peu statique, passe son temps à rouler des yeux et à frétiller des pinces, peut-être dans l’espoir de les fourrer un jour dans le con d’Amanda. On se met alors à attendre frénétiquement le coït zoophile, qui relèverait la sauce de l’ensemble, mais en vain. Le pauvre animal finit avec une toque tandis que Sarah Michelle l’abandonne lâchement, en route vers un triste missionnaire que le réalisateur a le bon goût de nous épargner.