A l’image du sympathique mais surestimé Truman show de Peter Weir, Simone est une petite esbroufe visant à faire passer un concept opportuniste pour une révolution artistique. Truman show comme Simone ne sont pas des films en avance sur leur temps mais qui utilisent une idée à la mode (prolifération des webcams pour le premier, images de synthèse ici) comme tour de passe-passe publicitaire. Simone est d’abord l’histoire d’un rêve de cinéma artificiel : Viktor Taransky, un cinéaste sur le déclin, trouve un programme magique capable de lui offrir, à l’insu de tous, une actrice de synthèse quasi-parfaite. Simone (Sim One), donc, devient une star planétaire en quelques films. Mais rapidement, tout se détraque et Taransky doit trouver une multitude de stratagèmes pour justifier l’absence d’indices concernant son actrice fétiche.
Comme à l’habitude dans ce genre de film, le concept trouve rapidement ses limites d’un point de vue narratif. La solution trouvée par Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca) est de faire basculer l’ensemble du côté de la farce à chaque fois qu’il se trouve dans une impasse, usant d’un ton grotesque et faussement enjoué dès que le scénario bute sur son idée-motrice. Par chance, Al Pacino possède un talent comique bien supérieur à celui de De Niro, ce qui permet au film de toujours rebondir avec une certaine légèreté. Simone trouve en certains instants un ton à mi-chemin de l’anticipation hi-tech et de la mascarade qui parvient à séduire.
Malheureusement, le reste est à l’avenant : entre grande maîtrise visuelle à la Soderbergh et exercice de style sans profondeur, le film avance à la manière d’un curieux objet de charlatan. Il y a chez Niccol un goût pour la propreté et l’épure qui confine à l’obsession. Ce n’est pas l’aspect le moins intéressant de Simone (le studio de cinéma comme grande chambre lisse, à l’image de la gigantesque salle dans laquelle Taransky réalise ses films à l’aide d’un simple ordinateur), mais c’est aussi ce qui dérange le plus ici. Ode un peu suspecte à la synthèse, Simone est moins un film faussement affable qu’un vrai cauchemar de cinéma dont l’horizon pourrait être ces atroces scènes de « film dans le film » (les séquences tournées par Taransky) aux allures de spots jaunis et déprimants.