Shall we dance ?, remake de l’inconnu nippon -ça arrive- Shall we dansu ? (sic), c’est : Voulez-vous danser grand-mère + Jennifer Lopez qui jette du rein le temps du tango. De loin, de près, pareille oxymore n’appelle pas de résolution, ça ne colle pas. On s’en fout ? On s’en fout. Mais quand même, dire quelques mots sur cette panouille qui ne s’en voudrait pas une. Shall we dance ?, c’est comme un exécuter un tango avec une plume dans le derrière : on a beau essayer d’avoir l’air beau, chaud, raide, passionné, sérieux tel Benoît XVI, on n’y croit pas. Car Shall we dance ?, non non, ce n’est pas ce que promet l’affiche, c’est bien plus solide comme projet. Ce n’est pas Richard Gere qui se met au quickstep pour ravir le cœur de J.Lo et larguer Susan Sarandon. Pas une banale romance. S’il y a une leçon à tirer du chef-d’oeuvre de Peter Chelsom, c’est bien que monsieur Gere, ayant atteint (il était temps) l’âge d’homme, il doit s’avouer qu’elle est révolue l’époque où, sous prétexte d’écouter son cœur et de métamorphoser sa weltanschaung au contact du frou-frou, il draguait les minettes. Non seulement il a désormais tout loisir pour écumer les thés dansants, mais si l’alibi moral demeure en sa splendide effervescence, il a d’autres fins : à monsieur Clark la nouvelle vie, mais auprès de madame, au doux foyer.
En clair ? Monsieur Clark s’ennuie grave, notaire manhattanien. Le long du trajet métropolitain le reconduisant à la maison, il aperçoit, parfois, un regard triste et singulièrement inexpressif pendu à la fenêtre d’un vieil immeuble où se donnent, le soir, des cours de danse. Les deux ronds de frite de la fenêtre, c’est Jennifer Lopez. Alors Mr Clark s’inscrit. Entreprend tcha-tcha-tcha, apprend valse, attaque mambo et rumba. Pour s’attirer les grâces de la professeur Lopez ? Sans doute, mais voilà que Jenni lui colle un râteau, direct, à la première tentative d’approche. Ayant pris une veste, marri, le mari garde la tête haute, et s’initie, pour de bon, sans lubriques arrière-pensées, à la danse de salon. Enchaîne sur les concours, se débrouille vraiment pas mal, revit. Jusqu’à ce que sa femme l’apprenne, imagine d’abord en Jenni un démon de midi, puis comprend que d’escapades il n’y eût point, que Monsieur Clark avait seulement besoin de respirer, de retrouver le goût de la vie. Finalement, Mr & Mrs Clark danseront ensemble. Et tout le monde aura changé la vie de tout le monde.
Panouille qui ne dit pas son nom, le film réclame trop fort d’être considéré en dehors du genre love in New York, hurle qu’ici on ne parle pas de ça, madame, que c’est une histoire profonde avec des personnages et tout. L’esprit de sérieux, le désir de profondeur là où il n’y en a pas, c’est comme les oxymores, ça ne colle pas. Alors voilà, c’est perdu : Shall we dance ? a mille fois moins de charmes que la moindre bluette cul-cul avec Meg Ryan.