Vertus de la Derrick’s touch : le nouveau film du Britannique Mike Hodges en fait un éloge discret -c’est rare- en déployant un ritmo lento de bon aloi tout au long d’un récit qui met en scène le vieux motif du retour en ville. Qui revient, cette fois-ci ? Mike Hodges, d’abord. Le cinéaste a connu une carrière en dents de scie depuis son principal titre de gloire : dans les années 60, Get Carter, La Loi du milieu avec Michael Caine (remake récent et homonyme avec Sylvester Stallone, s’il vous plaît), l’avait installé parmi les cinéastes qui comptent. Puis on l’avait plus (beaucoup de besogne pour la tévé) ou moins (Flash Gordon au début des années 80, quand même) perdu de vu jusqu’à Croupier (1997), dont la bonne réputation outre-Atlantique lui a valu un retour en grâce. Deuxieme retour : Will, ancien caïd retiré des affaires, devenu bûcheron barbu, vivotant, loup solitaire, dans une caravane au fond des bois. Son petit frère, dealer mondain, s’est suicidé après avoir été violé. Will reprend du service pour savoir qui doit payer, la ville s’agite, le milieu est troublé.
On reconnaît sans peine un mouvement (le come-back pour faire le ménage et les affaires de la famille) déjà à l’oeuvre dans Get carter. C’est que Mike Hodges n’a pas changé d’humeur depuis son titre phare. Flottant, pas énervé pour deux sous, le film témoigne du peu d’appétit de son auteur pour la pose wannabe culte du film de gangsters crème anglaise. C’est tant mieux : en différant sans retenue la mise en route du récit de vengeance qu’il promet, le film rame un tantinet à garder son spectateur éveillé, mais gagne en noirceur et en sécheresse. Maquillage prémonitoire : avant de mettre un point final à sa vengeance, Clive Owen rase sa barbe d’ermite et enfile un costard bien coupé, tel un James Bond de quartier -lui qui sera bientôt, et pour de vrai au cinéma, 007. Seule la mort peut l’arrêter, certes, mais c’est un peu notre lot à tous, et le titre original, plus beau, est nettement plus parlant sur le thème des anciens gangsters sur le retour : I’ll sleep when I’m dead.