Pour une fois qu’une comédie française populaire au budget confortable ne se contente pas de faire d’expressions burlesques et paysannes de fameuses citations, pour une fois qu’elle ne traite pas un sujet tabou avec dérision pour en faire un hymne à la tolérance, pour une fois (enfin) qu’elle n’est pas seulement le faire-valoir d’acteurs en mal de popularité, on peut être sans conteste satisfait de ce petit film qui, sans être une réussite majeure, n’en demeure pas moins un excellent divertissement.
Claire, une éditrice de polars, se voit fêter ses 35 ans avec trois de ses anciens fiancés, autour d’un dîner aux chandelles. Son but : choisir discrètement celui avec lequel elle décidera de passer le reste de sa vie. Mais au fur et à mesure de la soirée, elle va successivement et accidentellement tuer ses trois prétendants. Par ailleurs, des cambriolages sont perpétrés dans son immeuble et la police rôde. Sa sœur, sa seule alliée potentielle en la circonstance, est injoignable, et pour cause, elle a décidé de lui faire une énorme surprise pour son anniversaire…
Si le postulat de départ promet un film lourd et prévisible, il n’en n’est en fait rien ; les coups de théâtre se multiplient avec brio, et donnent à chaque situation des engrenages imprévisibles. Si l’on peut considérer, avec justesse, que ce dîner sanglant est très peu digeste, au moins est-on satisfait de la manière originale dont ce Serial lover est mis en scène. Dès les premiers instants, on est frappé par la vivacité de l’image, par les forts contrastes entre les couleurs rendant le film distant de toute réalité, et le rapprochant de l’esthétique moderne américaine. On ne pourra qu’être agréablement surpris par la construction du film, divisé en chapitres de roman noir bon marché, et par son rythme haletant. Et si il joue la constante carte de l’exagération, au moins le fait-il avec un certain style. De plus, on ne pourra qu’être enchanté de la manière dont il est interprété, quels que soient les a priori possibles sur les acteurs.
En somme, Serial lover réussit à atteindre l’ambition affichée dès les premiers plans, laissant une grande place à une bande-son travaillée à l’extrême, et grâce à une photographie soignée, servie par une direction d’acteurs efficace mais -malgré tout- enfermée dans le carcan rigide du genre.