RRRrrrr !!! est un film sympa comme les Robins des Bois. Paresseux comme eux, dilettante et un peu mou, à peine plus élaboré que leurs prestations télé. Moins approximatif cependant, et c’est dommage. On connaît le programme de la petite troupe : l’humour raplapla commenté, noté, évalué, un cours de rattrapage permanent pour les recalés de la rigolade. Eloge souterrain des cancres, qui ne réussissent même pas leurs blagues, leurs pirouettes, mais s’en tirent d’un altier « c’est exactement ce que je voulais faire », selon la formule du délicieux Pouf le cascadeur. Parfois c’est pas drôle et c’est drôle, parfois c’est pas drôle et c’est pas drôle. Gentiment régressifs, innocents, jamais vraiment lourds, plutôt invisibles, apôtres de la nullité, ainsi sont-ils. Comment faire un film avec eux ? En confiant la réalisation à un Nul qui ne l’est plus vraiment, histoire de faire les nuls et les Nuls, dont les Robins seraient les petits enfants, mignons et inoffensifs.
RRRrrrr !!! : la préhistoire, quelques gags anachroniques (pas trop), quelques autres parodiques (encore moins), d’autres encore plutôt bien vus. On s’amuse assez, suffisamment se dit-on. De ce point de vue, le film est plutôt réussi, puisqu’on s’attendait à ce rythme en pointillé, ces plages d’ennuis lorsque rien ne vient prendre le relais de la scène précédente, lorsque que ça ne marche plus, que ça avance seulement, jusqu’à la prochaine bien-bonne. C’est évidemment par là que le film pèche, du côté du rythme, de la séquence qui enlève le morceau, qui devrait arriver et n’arrive pas (ou pas assez vite). Astérix, le précédent film de Chabat, s’en tirait un peu mieux. Plus qu’un problème de rythme et de souffle, c’est la feignantise revendiquée et le goût pour l’inconséquence des Robins des Bois qui s’affiche et interdit au film de travailler plus que ça. C’est moins la célérité qui fait défaut qu’un véritable travail (autre que ce plaisir de l’artisanat -les cornes bricolée des animouths- au demeurant attachant). Rien n’est creusé, manque la scène clé qui emporterait le film avec elle. Le comique des Robins, glandeur, s’interdit l’effort. Et c’est dommage parce que l’effort et l’approximation peinarde ne sont pas incompatibles. Mais on a le droit aussi de ne pas trop bouder son plaisir. Si le programme du film s’arrête là, alors on est d’accord.