Il est un lieu magique au fin fond de l’Afrique où des géants de bois s’animent, mus par une troupe de Lilliputiens humains… Installée dans un village au cœur du Cameroun, la troupe reine du spectacle de rue, Royal de Luxe, change de décor. Habitué des grandes manifestations type commémoration du 5e Centenaire de la découverte de l’Amérique, le Royal, comme on l’appelle familièrement, a voulu retrouver l’inspiration à sa source.
Le réalisateur Dominique Deluze a donc suivi la troupe au Cameroun et s’est installé avec elle pendant plusieurs mois à Foulou. Il s’est fait le témoin de cette rencontre privilégiée entre ces artistes bricoleurs et des Africains éberlués par ce « Petit géant » de 6,5 mètres, gigantesque marionnette animée par une mécanique complexe. « A mon avis, ce spectacle, c’est pour montrer aux gens que les Blancs savent faire quelque chose. » « Les Blancs sont fous là ! Ils donnent à manger à un bois ! » « Le spectacle, c’est pour réveiller les gens. » Les habitants de Foulou n’ont jamais vu de spectacles, encore moins de marionnettes, ni de géants… Il leur faut donc imaginer la motivation « des Blancs » pour faire ça. Progressivement ils s’habituent à leur présence, travaillent avec eux même. Jour après jour les cultures se mélangent, les surprises se succèdent et la création avance.
« Comment raconter aujourd’hui des histoires pour un public le plus large possible et par quels moyens, quand la seule question qui vaille tient dans la manière de donner un peu de poésie à ce monde-ci ? » se demande Jean-Luc Courcoult, le fondateur et directeur de la compagnie Royal de luxe. Il semble que, en se transportant de l’autre côté de la mer, il ait trouvé une partie de la réponse. Car ce « Petit géant », grand frère, génie, enfant-dieu peut-être pour les Africains, pare à nos yeux d’Occidentaux les images de ce continent d’un voile d’irréalité. La poésie est donc bien là des deux côtés, sublimée par l’image réalisée par Jean-Marc Bouzou. Un beau voyage…