Road Trip est une comédie adolescente que rien ne distingue des autres productions du même genre, très abondantes ces derniers temps. Pas aussi déjanté ni drôle que le désormais classique American Pie, moins euphorisant qu’Elle est trop bien, le film de Todd Phillips se contente d’appliquer consciencieusement les inévitables règles du genre. Et comme dans la plupart des cas, ça fonctionne. La mise en place ne laissait pourtant rien présager de bon : postulat minimal (Josh et Tiffany se sont juré de rester fidèles l’un à l’autre malgré les innombrables kilomètres qui séparent leurs deux universités), répliques faiblardes, personnages falots et situations éculées (la belle blonde menaçant le serment de Josh, le passage à l’acte que les tourtereaux décident de filmer en vidéo).
Une fois le prétexte évacué -Josh et ses amis sont contraints de partir en voiture afin de récupérer la cassette du coït malencontreusement envoyée à la girlfriend officielle-, les choses s’améliorent singulièrement. En saisissant la route dans son sens le plus naïf, mais aussi le plus cinématographique (en gros, un territoire des possibles), Phillips aère son récit et le fragmente en une série de haltes plus ou moins délectables. On retiendra notamment la réjouissante incursion de notre bande des quatre au sein d’une communauté black, ou encore l’intervention très spéciale d’une infirmière lors d’un mémorable don de sperme. Bien sûr, toute nouvelle étape amène son lot de révélations, d’apprentissages et autres moralités bien démago, la tolérance se taillant comme d’hab’ la part du lion. Le charme de l’ensemble tient donc à peu de choses, et, hormis une propension toujours efficace au cul et aux blagues scato, le réalisateur s’en remet souvent au talent et au sex appeal de ses interprètes, judicieusement sélectionnés pour leurs différences physiques.