Il en va des Chabrol comme des Allen et des Bordeaux : les crus se suivent sans être forcément tous d’exception, et le millésime 97 -cinquantième du nom pour quarante ans de carrière- ne passera sûrement pas à la postérité. Il faut dire que le père Claude avait placé la barre très haut, la dernière fois, avec sa revisitation jubilatoire de la lutte des classes (La Cérémonie).
Ici, on serait plutôt dans le domaine du sit-com de luxe, et cette histoire improbable d’un couple (?) d’escrocs à la petite semaine embringués dans une affaire de blanchiment d’argent constitue vraiment un coup pour rien dans l’admirable filmo chabrolienne. C’est même souvent assez bête (voire de mauvais goût, cf. le finale sur fond de Tosca, avec Balmer en Scarpia des Tropiques), et le seul intérêt, on l’aura deviné, de cet opus très mineur, réside dans la paire Serrault/Huppert, réunie pour la première fois à l’écran. Le premier retrouve Chabrol quinze ans après Les fantômes du chapelier, mais on le préfère aujourd’hui dans des registres un peu moins balisés (…M.Arnaud, Assassin(s)…) ; quant à la seconde, désormais comme chez elle dans les eaux troubles de Chabrol (c’est leur cinquième rencontre), elle est parfaite, comme d’habitude. Du coup, ces deux-là accaparent tellement l’image que l’excellent Cluzet est complètement sous-employé : dommage, car on ne dira jamais à quel point ce comédien est formidable. On espère qu’un metteur en scène lui donnera enfin la place de premier plan qui lui revient dans le cinéma français.