Le Gendarme de St-Tropez repasse sur M6, les rues de Paris se désertifient et Riding giants, énième nouveau documentaire sur le surf déboule sur les écrans. Pas de doute, on est bel et bien en juillet, dans un film quasiment conçu pour le rappeler. Sponsorisé par QuickSilver, mis en scène comme d’habitude par un spécialiste de la question, avec des blondinets cools qui se dandinent comme personne sur leur morceau de polystyrène dans un décor paradisiaque, le tout accompagné d’un rock bien fun, il y a bien sûr de tout ça dans cet avatar sur-vitaminé. Mais Stacy Peralta s’affranchit partiellement du genre en le sublimant en bon sportif professionnel, et donne le change par une ode à la spécialisation de haut vol.
Selon Stacy Peralta, Monsieur glisse du cinéma en général et à Hollywood en particulier -chorégraphe et consultant skate sur la poignée de scène de Hook, c’est dire si l’homme est pointu-, le docu-surf est davantage le témoignage d’une passion sincère, qu’un banal acte frime. Son film se voit plutôt comme un cri d’amour naïf et droit, complètement autiste face aux effets pervers qu’engendrent les clichés du surf, mais suffisamment ouvert dans sa volonté ultra-démagogue de faire découvrir les moindres recoins de la discipline. Très vite, Peralta jongle avec aisance sur la schizophrénie du film, presque sans le vouloir : forme clipesque, jamais rassasiée de bleu turquoise et structure chronologique d’une simplicité touchante, comme un exposé scolaire passionné. De la découverte de ce sport par le capitaine Cook au longues planches des jeunes californiens genre Beach Boys, le film se concentre aveuglément vers ce qui l’émeut, aux origines mêmes du mythe.
Plus de sponsors, ni même de minets peroxydés ou de caméra choc qui lorgne sur le danger pour être honnête, seulement l’espace, les légendes vivantes seulement connus des initiés, les différents sites et les témoignages face caméra. Une caméra plus illustrative que décorative, agissant comme une justification visuelle, le procédé est habituellement plan-plan, mais il est ici quasi-expérimental. Du coup, le cliché trouve une force insoupçonnée, le spectaculaire gratuit s’incarne et les blondinets des magazines avouent même leur passé de rejeton asocial et boutonneux. Voilà : finalement, juillet 2004 ne sera pas tout à fait un mois comme les autres dans la micro-histoire du docu-surf.