Accueilli chaleureusement lors de sa présentation au Festival de Cannes 2002 dans le cadre de la Semaine de la critique où il a remporté le Grand Prix et le Prix du public, Respiro et ses paysages ensoleillés débarque sur nos écrans pile poil pour nous sauver des frimas de l’hiver. Situé à Lampedusa, petite île au sud de la Sicile, le film tire en effet un avantageux parti des superbes plages de sable et autres panoramas sur la mer proposés par ce décor somptueux. C’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme de cette fable illuminée aussi par le délicieux sourire et les yeux couleur Méditerranée de Valéria Golino, principale interprète du film. Inspiré d’une légende de l’île, Respiro raconte le destin tragique de Grazia, une jeune mère de famille dont l’excentricité et la soif de vivre se heurtent aux coutumes locales. Plutôt que de rester sagement confinée à la maison à passer le balais, la belle Grazia préfère se balader en scooter ou plonger nue dans la mer affolant naturellement les hommes du village.
Paré de louables intentions, Respiro entend ainsi dresser le portrait d’une femme éprise de liberté sans cesse bridée par le mode de vie rigoriste d’une île régie par des lois ancestrales. Si l’on ne peut qu’être d’accord avec le message hédoniste du film, on regrettera que celui-ci passe avec une clarté et une évidence qui confinent à la naïveté. Il manque peut-être à Respiro une partie sombre, moins évidente dans son discours. Parfois, Crialese s’attarde sur les bandes de gamins du village comme lors de la première scène du film, très réussie, au cours de laquelle deux clans rivaux s’affrontent violemment. Mais le cinéaste se contente de rester à la surface des images sans qu’aucune aspérité ne vienne salir la mécanique trop sage de son récit. On imagine ce qu’un Pasolini aurait fait de ces trognes adolescentes traînant sur cette île aride et coupée du monde. Seule fantaisie au milieu de ce décorum attendu, le jeu très physique d’une Valeria Golino complètement habitée par son rôle et dont la gestuelle imprévisible apporte un peu de suspens à l’ensemble. Pour elle (et pour les magnifiques falaises plongeant sur la mer), le film mérite d’être vu, histoire de s’offrir un coup de soleil dans cette grisaille hivernale.