Après un premier épisode pathétique signé Paul Anderson, voici Apocalypse, deuxième opus de l’adaptation de la série inspirée de l’illustre saga vidéoludique Resident Evil. Un teuton aux commandes (Alexander Witt, dont c’est le premier film), une intrigue écrite par Anderson, et le tour est loin d’être joué : plus grotesque que le premier volet, Resident evil : Apocalypse atteint une sorte de ground zero du cinéma de science-fiction / horreur qui finit presque par charmer. Le cadre est toujours aussi jouissif : placée sous quarantaine, Raccoon est une ville dévastée par des zombies et créatures en tous genres. En une nuit, une poignée d’humains plus ou moins modifiés par les expérimentations de la corporation Umbrella tente de s’échapper avant l’extermination de la ville, prévue pour le lendemain matin.
Le principal problème du film tient évidemment, comme c’était le cas dans le premier, dans sa façon d’ignorer royalement les préceptes du jeu vidéo au cinéma. Alors que le jeu offre une multitude de potentialités de renouvellement structurel et formel du genre (cohabitation forcées entre humains et monstres dans le cadre, durée et fluidité de chaque mouvement ou trajet, étrangeté lovecraftienne), le film s’en remet à des procédés de tocard : montage archaïque, bidonnages des ellipses et des coupes, refus total de faire cohabiter formes réelles et indicibles dans le plan, sinon au prix d’affrontements complètement ringards (Némésis, le grand méchant du film, gros gloumoute mitrailleur aussi effrayant qu’une cafetière à deux pattes). Le refus de tout excès, la propreté, tout cela évoque un produit aseptisé de bout en bout, enchaînant les séquences d’horreur comme s’il s’agissait d’un jeu de l’oie sans la moindre ambition.
Reste ce qui sauve le film : la crétinerie de Paul Anderson, qui donne au script du film une teneur souvent très comique, triomphant lors de la scène finale, sorte de remake de La Belle et la bête revu et corrigé pour les nuls. Il faut aussi ajouter le resserrement spatial et temporel du film, qui permet à l’ensemble d’éviter l’ennui grâce à une assez remarquable densité narrative. Enfin, Milla Jovovich s’en tire bien dans le rôle de la supraféministe (le mâle est ici transformé en pur objet utilitaire, remplacé sitôt que tué), accompagnée d’une poignée de bombes qui sauvent l’essentiel du concept : un peu de glamour L’Oréal dans une série Z bien rustique.