Nouvelle adaptation sur grand écran d’un hit du jeu vidéo, Resident Evil conjugue le savoir-faire du petit clippeur moderne au film de zombies façon 70’s. C’est cette étrange collusion entre, d’une part, l’habillage sophistiqué mais vain d’une longue pub et, d’autre part, l’impureté d’un cinéma de genre foncièrement anarchique, qui donne au blockbuster de Paul Anderson son relatif intérêt. L’histoire n’a guère d’importance : dans un futur qu’on imagine lointain, une jeune femme amnésique (Milla Jovovich) et sa bande de guérilleros sont coincés au cœur d’un immense laboratoire souterrain infesté de cadavres prêts à mordre. On connaît la suite, qui, fidèle à la logique du joystick, nous fait franchir chaque niveau en réduisant toujours davantage le nombre de survivants, jusqu’à la confrontation finale avec le superboss, sorte d’Alien infâme dégoulinant de slime et de sang. Ne manque plus que la mention level completed entre chaque scène pour transformer le spectateur en gamer malgré lui.
Ce jeu privé d’interactivité serait vite ennuyeux s’il ne faisait preuve d’un goût immodéré et jouissif pour les effets gore, denrée rare des films d’horreur hollywoodiens de ces dernières années. Parsemé de belles inventions sanglantes et de morts-vivants joliment putréfiés, Resident Evil prend un malin plaisir à surprendre son public par sa boucherie outrancière et l’excellence de ses maquillages à dominance artisanale. Certains plans évoquent même l’ambiance malsaine et éprouvante de la référence en la matière, le Zombie de George A. Romero. Un peu comme si l’auteur de Creepshow, jadis sur les rangs pour réaliser la chose, avait réussi à insuffler une part (infime, hélas) de son imagerie et de sa puissance morbide à ce projet bâtard. Pour le reste, la tendance est au film « djeune » lambda : Miss Loréal phagocytée par Lara Croft, Besson vs Space invaders, le tout recouvert d’une bande-son métalo-gothique (Marilyn Manson est de la partie) censée dynamiser un montage déjà bien frénétique. Bref, le niveau zéro du cinéma.