Au moins, une bonne nouvelle. Depuis l’excellent Gangster number one, petit polar surprise sorti en catimini il y a trois ans, on avait presque oublier son auteur, le Britannique Paul McGuigan. Il revient avec une commande qui reflète étrangement son talent et sa position sur l’échiquier d’Hollywood. Etriqué, mais tout de même ouvert à la sublimation intérimaire, Rencontre à Wicker Park est au cinéaste ce qu’était Abîmes pour le David Twohy période pré-Riddick : la confirmation d’un style éblouissant, mais manifestement pas si mûr que ça pour la gloire, pour l’instant relégué à une modestie dont on peine à discerner l’origine. Les racines mêmes du film sont nébuleuses. Remake de L’Appartement (1997), un pseudo-Brian De Palma à la française et seul opus de Gilles Mimouni (qui n’en finit pas de monter son deuxième film), le projet fut maintes fois reporté et remanié.
Le poupon Josh Hartnett remplace Vincent Cassel en jeune homme manipulé par deux mystérieuses amazones citadines. Finalement un bon choix : trop jeune, trop lisse, il donne à l’effet de manche une dimension étonnamment touchante, ramenant les grandes pompes de Mimouni à leurs justes mesures : un conte purement adolescent, qui se rêve grand mais se réveille atrophié. McGuigan le perçoit avec une finesse remarquable. Cet ex-photographe de mode enlace splits-screens et filatures, oublie l’érotisme fardé pour le glamour plus tonique de chez Gap ou Zara. Il y a chez le cinéaste plus de fluidité que de sensualité, un dynamisme qui par bonheur prend l’intrigue de vitesse. Du coup, les rebondissements à répétitions sont autant de prétextes à compiler des joies simples de cinéma : filatures, désir, troubles. Et surtout le travestissement, plaisir des plaisirs de McGuigan qui, après les mémorables costards italiens de Gangster number one, est toujours aussi obsédé par les fringues.
Le style a beau être tout dans Rencontres à Wicker Park, sa pré-puberté l’écarte systématiquement de la lourdeur. Qu’on est loin du défilé simili-people d’Ocean’s twelve, et sa confusion pédante à mélanger auteurisation creuse et frivolité toujours feinte. Un doute toutefois : pas sûr que cet estampillage teenager fasse vraiment les affaires de McGuigan qui s’accommode avec talent de ce qu’il tourne sans jamais se prononcer. A commencer par le casting. Josh Hartnett est la parfaite anti-thèse de Paul Bettany (Master and commander), acteur racé et coupant dont le cinéaste a le premier révélé l’intense animalité, et Diane Kruger sera toujours pâlichonne face à Saffron Burrows, précédente blonde ô combien plus sculptée. Incontestablement la limite d’un film qui tout brillant qu’il est, ne promet pas grand chose.