Renaissance, d’abord, s’offre à nous dans le contexte bien particulier du cinéma d’animation français, dont on regrette qu’à l’exception de quelques francs-tireurs et malgré une histoire riche, elle soit dépourvue de projets ambitieux autant que fédérateurs. De toute évidence le film de Christian Volckman vient combler ce manque. Renaissance impressionne immédiatement par l’ampleur de ses propositions et tient au moins une de ses promesses : tirer l’animation vers le haut en ne reculant pas devant la difficulté, oser l’innovation technologique, se défaire de cette timidité des productions françaises qui n’ont pas osé, depuis longtemps, allier pari technique et cinéma grand spectacle à vocation populaire. Non que le film soit appelé à faire des ravages au box office (enfin, sait-on jamais, on lui souhaite bien sûr), mais au moins il existe. Ferme dans ses choix esthétiques, Renaissance par contre flotte un peu sur son vouloir-dire, ballotté qu’il est entre son côté nerd (avalanche de références plus ou moins clignotantes), une tradition grisonnante (la série noire parano made in France : scénario signé entre autres Jean-Bernard Pouy & Patrick Raynal) et ce qui est sans doute premier : donner dans l’inédit dans un exercice -le long-métrage d’animation ados / adultes- déserté ou presque par l’industrie française.
Concrètement, Renaissance tisse dans un Paris remodelé par une architecture futuriste une sorte de cyber-techno thriller d’espionnage autour des activités secrètes d’un laboratoire pharmaceutique : un policier un peu cow-boy, un peu solitaire à problèmes, est chargé de retrouver une jeune scientifique kidnappée alors qu’elle travailler sur un projet top secret lié au vieillissement. On se doute bien qu’Avalon, le tout puissant complexe pharmaceutique est derrière tout ça et poursuit de louches desseins. Le coup de force du film est bien entendu moins du côté de cette intrigue un brin réchauffée que de ses partis pris technico-artistiques. Renaissance fait un usage particulièrement convaincant de cette technologie à laquelle Robert Zemeckis avait recouru dans le vilain Pôle express : le motion capture, cet alliage de chair et de pixels où un acteur interprète le rôle pendant que tous ses mouvements sont enregistrés et reproduits sur des figures animées. Ici, il y a un évident gain d’expressivité des personnages et surtout de vitesse, nulle impression que les mouvements du corps ou du visage sont décomposés mais tiennent ensemble par la célérité de la pellicule. L’efficacité du procédé est assez impressionnante, d’autant que le film bénéficie d’un travail remarquable sur ses décors, Paris réinventé en verre et en métal, éventré puis réarticulé en niveaux de et passages, capitale du XXIe siècle pareille à une toile d’araignée au noir et blanc très contrasté, où tout déplacement se fait désormais en de multiples dimensions. Bel objet que ce Renaissance, sans aucun doute, proposition à laquelle ne manque qu’un récit à la hauteur de ses promesses.