Bien qu’assez anecdotiques, les deux premiers REC (relire nos chroniques du 1 et du 2) avaient su faire de leur dispositif ludique un habile cache-misère pour l’indigence Z de leur scénario, plein de bondieuseries fumeuses et autres breloques satanistes. Dans une année riche en exercices du même genre (Chronicle, Projet X), le rétropédalage de la franchise, poursuivie ici par Plaza seul, est une vraie surprise. A première vue, le film obéit aux mêmes patterns : micro-événement (un mariage, immortalisé par les caméscopes de ses convives) et mythologie surnaturelle (une infection zombie vient pourrir la noce), liés par un montage faussement aléatoire. Mais la parenté s’arrête là : une fois le générique passé, [REC]³ génesis oublie les caméscopes pour devenir un film d’horreur traditionnel, tourné en Scope. Finie l’illusion d’amateurisme, un auteur reprend les manettes.
³ Génesis »]
Le film commence d’ailleurs par cette bonne idée d’un champ/contre-champ entre deux personnages symboliques : un cameraman amateur, enregistrant tout et n’importe quoi avec son caméscope, et un metteur en scène de mariage pro, équipé de tout un barda technologique, dont une Steady Cam. Alors que ce dernier encourage le jeune débutant à se « cantonner à du cinéma-vérité, Vertov, tout ça ! », Plaza raccorde les deux régimes d’images en effet miroir (saccades de la DV versus travelling fluide de la Steady Cam), dans une dialectique assez fine sur le potentiel devenir du genre. De cette problématique féconde qui pose directement la question de la mise en scène de l’horreur, Plaza ne tire finalement pas grand-chose. Sa prise de contrôle ne sert rien d’autre qu’une simple épate, rajoutant des couches de stase à son insupportable parabole bigote (ces plans ridicules où un prêtre immobilise les zombies en leur récitant la Bible). Réduit à un défouloir gore, le film se rappelle parfois, grâce son couple de mariés devenus chasseurs de zombies psychotiques, au bon souvenir hystéro d’un Braindead, mais rien de plus. En dépit de ses rares bonnes idées, le film s’avère surtout fatiguant à suivre dans son délire, trop mal fagoté voire incapable de sortir des balises du genre zombie. Plaza aurait peut être mieux fait de se tenir au principe du faux film trouvé pour lui donner une nouvelle inflexion, plutôt que de tout saborder par péché d’orgueil, en nourrissant à son insu la nostalgie des gadgets théoriques qu’il s’efforce d’enterrer.