Que faisaient les femmes pendant que l’homme marchait sur la lune ? Titre quelque peu lourdingue, certes, mais qui a le mérite de donner deux informations capitales sur l’œuvre qu’il introduit : le sujet -en gros, une affaire de femmes- et l’époque -juillet 1969 quand l’homme se prépare à marcher sur la lune. C’est le moment que choisit Sacha, après deux années passées à Montréal, pour revenir dans sa Belgique natale et annoncer à ses parents qu’elle est tombée amoureuse d’une autre femme. Problème : la mère est totalement névrosée et le père quelque peu dépassé par les événements.
De cette intrigue un peu bateau -avec une sœur naine mal aimée en guest star- la réalisatrice ne tire pas grand-chose. On attendait une chronique joyeuse, enlevée, spontanée ; à l’arrivée, Que faisaient les femmes… ? est tout le contraire. Marie Bunel exceptée, les comédiens surjouent continuellement, réduisant leurs personnages à des caricatures crispantes et peu aimables, la (mauvaise) palme revenant à Hélène Vincent qui en fait des tonnes en maman border line, grimaçant à tout va, multipliant en pure perte les signes extérieurs de névrose. La mise en scène de Chris Vander Stappen est à l’avenant : on sent en permanence une certaine théâtralité, une volonté d’installer les différentes situations qui éradiquent toute trace de fraîcheur ou de vie dans le long métrage. Filmer par exemple la séparation inaugurale des amantes par miroir interposé, l’une tournant le dos à l’autre, a tout de la fausse bonne idée : cette tentative de composition « originale » du cadre s’avérant peu crédible, antinaturelle, et bien laborieuse.
Le film ne tire aucun parti de son contexte, les sixties (ou les seventies). Les personnages sont à peu de choses près habillés comme de nos jours, et aucun effort particulier sur la lumière ne permet de se transporter, comme par magie, en pleine année érotique. Restent la télé en noir et blanc et les tubes de l’époque, alignés benoîtement sans grande invention. Au final, Que faisaient les femmes pendant que l’homme marchait sur la lune ? ne décolle jamais vraiment. Sans jeu de mots.