Comédie vaguement fantastique, déployant l’éternel quiproquo de l’anachronisme, Première sortie raconte l’histoire d’un jeune homme de 30 ans qui a passé son existence dans une cave tout confort, réfugié avec ses parents qui ont cru à l’explosion atomique lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962. Le sujet est la « fausse bonne idée » type, véritable contre-exemple à faire circuler dans les écoles de scénaristes. Le début du film éveille pourtant la curiosité. Christopher Walken, savant génial connaissant tout des radiations nucléaires, a prévu dans le sous sol de son pavillon un abri atomique parfaitement sûr. Un avion militaire s’écrase sur sa maison et, croyant le moment venu, il se réfugie avec sa femme (Sissy Spacek) enceinte, avec de quoi vivre pendant plusieurs décennies. 30 ans plus tard (!), leur fils décide de refaire surface pour trouver l’âme sœur -en l’occurrence Alicia Silverstone.
Un point de départ comme un autre finalement, d’ailleurs, on a vu plus ahurissant et néanmoins très réussi. L’ennui, c’est que rien dans Première sortie ne nous fait comprendre les intentions du réalisateur ni le sens qu’il a voulu donner à son histoire. Comédie fantasque, fable pamphlétaire sur le conservatisme ambiant et sur la paranoïa anti-rouge ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est raté. Première sortie se contente d’exploiter une suite de malentendus soi-disant hilarants, et le décalage permanent d’un personnage si mal défini que sa présence même devient vite un non sens complet dans le film. Hurluberlu mal dégrossi, produit d’une éducation in-vitro, Adam (c’est son nom, et évidemment, son alter ego féminin sera Eve), se contente d’épater la galerie, Forrest Gump de pacotille (ce n’est pas peu dire) censé révéler avec humour la dépravation de notre monde où seul l’amour vaut d’être vécu. Prisonnier d’un concept et d’un personnage flou, le film perd rapidement de son efficacité et s’oriente mollement, faute de mieux, vers une histoire à l’eau de rose entre un original et une fille de rien. Seul personnage attirant l’attention : un homosexuel compréhensif et hospitalier (on ne le soulignera jamais assez), mais tellement « sympa » qu’il en oublie d’avoir le moindre sentiment… Par où, la sortie ?