Predators commence par le parachutage dans la jungle d’un groupe d’action-men qui ne se connaissent pas. Parachutage surprise, puisque chacun guerroyait dans son coin sans rien demander à personne, avant d’être catapulté comme ça, en un clin d’oeil, dans ce drôle d’enfer vert. Pas n’importe lequel : au bout de dix minutes de randonnée, une vue dégagée sur un ciel constellé d’astres inconnus confirme que, oui, la troupe bourlingue sur une planète extraterrestre, infestée de Predators en plein trip chasse à courre.
Pitch gratiné que celui de ce Predators, dont l’imaginaire de moutard invite à se demander si Robert Rodriguez, qui en est l’auteur, n’aurait pas délégué l’écriture à son fiston – celui-ci avait signé, à sept ans, le script des Aventures de Shark Boy et Lava Girl, mis en scène par papa. Predators évoque une partie géante de playmobils, chaque personnage renvoyant à une figurine en plastique et son accessoire personnalisé : mercenaire américain, narco mexicain, yakuza, rebelle de Sierra Léone, etc. Malgré quelques relents nauséabonds ici et là (l’Américain et une warrior israélienne prennent naturellement le commandement du petit groupe), cet attelage plastifié est trop puéril pour s’avérer antipathique. Et puis le choix d’Adrien Brody, testostéroné de frais pour l’occasion, pour prendre la relève de Schwarzenegger et Danny Glover, renforce l’aberration du film en le gratifiant d’une indéniable malice nanardeuse. Sa façon de marcher sans but dans la jungle, d’échapper à des pièges en polystyrène ou de surjouer la caractérisation du héros solitaire revenu de tout marque une distance avec le film lui-même, soulignant toutes ses mauvaises ficelles, tous ses codes un peu honteux.
Censé délirer sur le film de McTiernan (livrer des clés, fantasmer ses hors-champ – la bête avait atterri en plein jungle parce que sa planète est une jungle, ce genre de choses), Predators donne plutôt dans le remake dégénéré, une sorte de miroir déformant ou de clone raté. Rejouée dans les grandes lignes à l’identique de l’originale (affrontement homme-créature, implacabilité de la bête, etc.), l’intrigue ploie rapidement sous une logique d’inflation propre aux mauvais sequels (démultiplication maladive des personnages et des aliens, twists en bois), le film pataugeant gaiement dans son brouet, entre plaisir ludique du recopiage (la lutte finale dans la boue, pas mal) et délices régressifs du gribouillage. Sommet: l’idée de pousser la logique de l’anthropomorphisme jusqu’à faire des Predators une bande de campeurs débonnaires, avec feu de camps et hamacs, pas si loin des chasseurs de gallinettes cendrées des Inconnus.