Titre explicite, prologue en forme d’explication de texte, et tout est dit : il sera donc question d’une sublime histoire de cul (ou d’une histoire de cul sublimée? that is the question), histoire physique et sans issue,… ou presque – la fin nous réservant une quasi-happy end rafraîchissante (au sens littéral!) dans le paysage du ciné franco-psycho-prise de tête .
Scène 1, ouverture : une chatte ravage de ses chaleurs une moquette douillette. Scène 1, plan suivant : une femme d’âge mur – disons, la quarantaine épanouie -, éructe sur son lit d’amours (défuntes) et de douleur, en entendant une ritournelle ritale à trois sous… Exposition emblématique du film, gonflée, sur le fil, subtil va-et-vient du pathétique au dérisoire, où toute impression mal rendue aurait pu verser dans le cliché. Surtout sur un sujet aussi casse-gueule, aussi « cliché », justement.
Flash-back. Diane, éditrice rive gauche impeccable, partage son agenda entre de jeunes auteurs en quête d’inspiration (Nils Tavernier, physique idéal d’un emploi enfin plus consistant qu’à l’ordinaire) et son avocat de mari, très aux petits oignons (Chesnais, as very good as usual). Splendeur et misère d’une vie conjuguale bien rodée, où l’on fait l’amour les veilles de week-end – faste!- pour s’épargner les anti-cernes des matins de boulot; rouages bien huilés d’un bonheur conformiste et rassurant, à l’heure du démon de midi, quand la moindre étincelle pourrait devenir incendie.
Et l’étincelle jaillit. Emilio : 25-30, hétéro fantasmatique incarné (Borris Terral, aperçu, à l’identique, dans Pédale douce), juste assez brut de décoffrage pour réveiller l’ardeur d’une femme sur le retour, civilisé juste ce qu’il faut pour former l’amant ad hoc d’une bourgeoise rangée. Ce qui devait arriver arriva : Diane s’entiche, s’attache et se lâche, bref, découvre la passion amoureuse, jusques et y compris dans ses lendemains. Plus haut etc., et plus rude est la chute.
Un septennat après Outremer, revoilà enfin la Roüan, version Outramour. Sujet ultra-classique et rebattu, OK, mais traité avec tant de grâce, pas tous les jours. 98% du mérite en revient à Brigitte Roüan: comédienne rare et intense, frémissante dans son insouciance de femme amoureuse comme dans sa déchéance de maîtresse larguée, ma-gni-fi-que; Brigitte Roüan, réalisatrice audacieuse, alternant et/ou mêlant tout avec le même bonheur, légereté et désenchantement, premier et dixième degrés; Brigitte Roüan, enfin, car Post-coïtum est un film archi-féminin, dans cette façon paradoxale de (faire) croire qu’une superbe histoire de cul aurait pu être une grande histoire d’amour, dont, in fine, on se remettra assez bien…