Bien joli, sulfureux comme il faut et à l’occasion suffisamment trash, Ploy est tout prêt pour l’exportation. La recette et les tics asiatico-alanguis reconduisent un train-train bien rôdé. Une jeune fille (Ploy) attend sa mère dans le hall d’un grand hôtel près de l’aéroport international de Bangkok. Elle se trouve invitée pour passer le temps dans la chambre d’un couple en jet-lag et mauvaise passe conjugale. Le mari et la gamine totalement innocents laissent la femme partir en vrille toute seule et échafauder un scénario de jalousie et de suspicion qui tourne mal.
On est prêt au début à suivre cette histoire malaisante entre intrusion et kidnapping. La colère excessive mêlée à une nonchalance sans gêne produisent quelques dérapages embarrassants et parfois cruels. Le flottement se généralise avec le montage parallèle sur la chambre torride d’une femme de ménage et d’un employé de l’hôtel. Mais ces possibles intrigants piétinent sans se renouveler. La rengaine s’installe sous la forme d’une esthétique déceptive de l’attente et du non-lieu.
Avec une petite musique d’ascenseur qui en dit long, le film joue les fausses pistes, fait du volume avec du vide et renvoie au bout du compte le suspense au néant d’où il était venu. Si l’impeccable coiffure funky de l’adolescente vaporeuse tient le coup, le film, lui, se dégonfle petit à petit et s’empêtre dans un vague discours sur les angoisses du couple hérité de Kubrick et de Lynch. La chambre lourdement psychique de Ploy déploie un outillage peu subtil fait de cauchemars dont on se réveille brutalement : on se serait volontiers passé de l’épisode grossier du violeur et de l’ancienne star alcoolique qui tourne au châtiment de la femme adultère. Cette crise plutôt théorique du désir et du fantasme laisse l’impression assez désagréable que le cinéaste s’amuse à ne pas tenir ses promesses.