Toute l’horreur gentille du world cinéma faussement novateur, vraiment académique, vraiment chiant, faussement moderne. Tant de compliments pour un seul film, c’est un peu lourd sur les épaules du premier long-métrage d’Alicia Scherson, sans doute pas pire qu’un autre, au fond. Mais cet objet international, world même, qui connut une belle carrière festivalière avant d’échouer sur le rivage de nos paupières, nos lourdes paupières, ressemble au portrait-robot d’un cinéma que l’on peine de plus en plus à supporter. Le pitch est le suivant : à Santiago, le chassé-croisé estival entre une fille solitaire et un jeune type largué tout récemment. Elle le suit à la faveur d’un hasard, lui vaque à ses occupations et déprime un peu.
Chungking express discount délocalisé en terre chilienne, Play se présente, se vend, s’achète comme une partition ludique dont le terrain d’expression est la ville, corps nerveux qui laisse volontiers explorer ses artères. Un rapide coup d’oeil sur le dossier de presse confirme ce dont on se doutait à la vision de Play : la Chilienne Alicia Scherson est passé par une école de cinéma et une école d’art. Pas étonnant que son premier long-métrage ressemble à un catalogue de mauvais tics propres au world cinéma, cinéma calibré pour les festivals internationaux et les mentions spéciales des jurys. Un peu de Godard, un peu de new wave, récitation très scolaire d’une grammaire de l’académisme auteurisant dans sa pente world (ah, le gros plan sur la gazinière et sur les pieds de la demoiselle : ça contemple). Bel exemple d’un gentil film parfaitement dispensable ; petit, tout petit cinéma qui n’a rien à dire, sinon montrer patte blanche en toquant à la porte de l’internationale cinématographique. Toc toc : c’est ça, du toc.