Cinq minutes suffisent pour résumer cinq décennies de l’histoire de l’humanité. Nous sommes en 2050 et une voix off nous expose la situation : la Terre est ultra-polluée. Pour survivre, ses habitants doivent partir vivre sur Mars, où sont cultivées, depuis des années, d’immenses plantations d’algues produisant de l’oxygène. Mais alors que les Terriens s’apprêtent à déménager, le taux d’oxygène chute ; il faut donc envoyer de toute urgence une mission là-bas pour comprendre ce qui se passe. Cette voix off fortiche -elle possède un remarquable esprit de synthèse- appartient au commandant du vaisseau qui, sur sa lancée, nous présente le reste de l’équipage : il y a le gros macho mais pilote hors pair, le remplaçant de dernière minute, le scientifique un peu illuminé (ce dernier, interprété par Terence Stamp -Pasolini doit se retourner dans sa tombe-, a par ailleurs le privilège de prononcer la seule phrase drôle du film : « J’ai réalisé que la science ne résolvait pas les questions fondamentales, donc je me suis tourné vers la philosophie et depuis je cherche Dieu… »), ainsi de suite.
Les présentations sont faites et le trekking sur Mars peut commencer. Car le film se réduit à ça : une longue marche, entrecoupée de catastrophes, de cinq hommes, puis quatre, puis trois, etc., sur la planète rouge. L’atterrissage forcé a détruit l’ensemble de leur matériel. Totalement démunis, ils tentent par tous les moyens de survivre. C’est peut-être la première fois que des hommes foulent le sol de Mars, mais ce que le film montre on l’a déjà vu des dizaines de fois. Les situations de crise se succèdent -« Mon Dieu, nous n’avons plus que X heures d’oxygène », « Mon Dieu, il va faire nuit nous allons mourir de froid »-, mais n’arrivent jamais à nous passionner. Car Planète rouge a tout misé sur le savoir-faire technique -effets spéciaux dernier cri, authenticité des situations- et totalement sacrifié le scénario et les personnages. Leur personnalité se réduit à un grossier trait de caractère : lâcheté, courage, etc. qui n’est jamais approfondi. Ils sont donc tout sauf attachants. Et voir des combinaisons vides se battre pour survivre n’a aucun intérêt.
Entre une exaltation du sens du sacrifice et des solutions à la Mac Gyver pour s’en sortir, le film n’offre que du prévisible, et encore du prévisible. Une série Z au budget hypertrophié pour cause d’effets spéciaux qui ne provoque rien, excepté l’ennui et la vague envie de revoir Mission to Mars, qui finalement n’était peut-être pas si raté que ça.