Perdus dans l’Espace est l’adaptation d’une série télévisée très populaire aux États-Unis, mais quasiment inconnue chez nous ; ce qui n’a rien d’étonnant au vu des valeurs éminemment américaines et conservatrices que le film colporte. En 2050, la famille Robinson, dont tous les membres ont un lien avec la science, est envoyée dans l’espace à la recherche d’une planète disposant des ressources nécessaires au transfert de la population terrienne, menacée par la pollution. Mais le diabolique docteur Zachary Smith (Gary Oldman) fait capoter la mission et se retrouve égaré dans le cosmos en compagnie des Robinson et de leur pilote en chef, le major Don West (Matt LeBlanc)… Perdus dans l’Espace est avant tout un film sur une famille en crise (en gros : père absent = cellule fragilisée) que la mission doit réunifier. Tout est ainsi placé sous l’égide du modèle familial américain, écœurant et sclérosant. Les combats sont par là même menés davantage dans l’optique d’une réconciliation générale que dans un but héroïque. Autre exemple frappant : Judy (Heather Graham), la fille aînée des Robinson, juste après avoir donné un long baiser au major West, rejoindra vite le périmètre occupé par ses parents et sa fratrie, comme happée par cette entité familiale quasi-vampirique. Heureusement, de temps à autre, les commentaires ironiques de West ou du docteur Smith interviennent, se superposant aux pensées du spectateur, sans toutefois parvenir à nuire au dispositif en place. Malgré cela, Perdus dans l’Espace offre quelques autres propositions, notamment au niveau plastique (le film pourrait être qualifié de gadget formel) : la sophistication des effets spéciaux permet la création d’images étonnantes jouant sur l’incrustation, les corps flottant lors d’un trajet spatio-temporel trop puissant, la multiplication d’écrans sur des échelles différentes et dans le même cadre, l’apparition de figures synthétiques du plus bel effet (notamment comme extensions synchrones du corps : la séquence dans laquelle le jeune Will contrôle les mouvements du robot), etc.
Enfin, le film bénéficie d’un casting hétéroclite réunissant des acteurs aux passés assez éloignés, mais tous excellents : de Gary Oldman (qui devrait tout de même se méfier de la récurrence de son emploi de fourbe dément, déjà bien expérimenté chez Besson) à Mimi Rogers en passant par la sublime Heather Graham (comédienne que l’on commence à découvrir mais qui était déjà magnifique dans Nowhere, Drugstore Cowboy, Twin Peaks ou plus récemment Boogie Nights) ou encore la surprenante Lacey Chabert (issue de la série télé La Vie à Cinq). Malgré quelques longueurs et ses insupportables tendances hollywoodiennes, Perdus dans l’Espace renferme donc certains trésors et, surtout, réussit pleinement sa mission première : divertir (à ce titre, ne pas manquer le générique de fin, superbe concentré speed et bruyant d’images subliminales sur fond de bpm hyper speedé).
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