De Florent Siri, on se souvient du médiocre Nid de guêpes, remake officieux d’Assaut (avant celui, officiel, de Richet) qui dissimulait sa puérilité sous des tonnes de postures : esthétisme chic, explosions à tous les étages, rafales de balles, vitres éclatées et surtout une bande-son infernale au possible. Beaucoup d’esbroufe pour rien, en somme, tant le moindre dialogue, chez Siri, annihile tout espoir et trahit la bêtise profonde du projet. Parti aux States sur invitation de Bruce Willis, le bonhomme se retrouve aujourd’hui aux commandes d’Otage, une série B comme on n’en fait plus (et comme on ne devrait surtout plus en faire) : sans le moindre trait d’intelligence, avec cette impression plaisante de voir Siri passer d’un statut usurpé de jeune espoir à un autre, plus réaliste, de gros tâcheron servile et décérébré.
Si les premières séquences de cette vague histoire de prise d’otage (d’un côté Bruce, négociateur en crise, de l’autre une famille séquestrée par trois voyous ringards) laissent entrevoir un ludisme sympathique, la suite fait assez pitié : non seulement Siri est incapable de tenir la moindre tension psychologique au moment où le film vire au thriller en huis clos, mais il échoue même lamentablement dans les séquences d’action. Illisibles, celles-ci ne reposent que sur l’enchaînement de plans faussement travaillés et sont en outre tuées dans l’oeuf par la teneur grotesque des péripéties (l’un des voyous qui se révèle psychopathe au romantisme moisi de The Crow). L’ensemble s’emmêle les pinceaux, ne sachant jamais tracer sa voie entre le sale et le propre, la fable et le shoker crapoteux, le neuneu et le gnangnan.
Seul élément réussi du film : son fond candide, sa blancheur dans le lien qui se noue entre Willis et un gosse voyant en lui l’éternel last action hero. Il y a là une naïveté très eighties qui retourne bêtise et puérilité du propos en une poésie maniériste parfois ridicule, mais souvent émouvante. Mais la tendance au grotesque involontaire reprend inévitablement sa marche, et Siri, qui préfère jouer les durs plutôt que de rester l’enfant limité qu’il est, s’enfonce dans une noirceur de pacotille, juste avant de sombrer dans le plus pathétique rococo. Willis veut qu’il réalise le tant attendu quatrième volet de Die hard. Outre que le héros d’Incassable a perdu une bonne partie de son charisme, une certitude : il a aussi de la merde dans les yeux.