Peter Mullan, pour le spectateur français, c’est d’abord un acteur vu dans Riff-Raff de Ken Loach, Brave heart de Mel Gibson, et Transpotting ou Petits meurtres entre amis de Danny Boyle ; mais c’est surtout le « Joe » qui motive le titre du dernier Ken Loach, My name is Joe. En réalisant Orphans, c’est un peu son premier métier qu’il retrouve pourtant, puisqu’il a débuté dans la mise en scène à l’âge de 19 ans en réalisant trois courts métrages avant de s’occuper d’une troupe de théâtre amateur.
Orphans se déroule sur une nuit -hors épilogue- et retrace les événements qui ponctuent la veillée funéraire réunissant les quatre enfants de Madame Flynn. Il y a là Thomas, le fils aîné psychorigide, Michael, blessé dans une bagarre, Sheila, handicapée en plein crise d’émancipation, et John, le jeunot, qui veut tâter de la carabine. En voulant réaliser un film sur la mort qui ne soit ni calme ni larmoyant, Peter Mullan en fait trop. Certaines séquences du film sont démesurées par rapport à la trame narrative, comme un long plan sur un homme qui vient par accident de se tirer un coup de carabine dans la jambe, le frère aîné qui porte seul le cercueil de sa mère et ploie sous son poids, ou encore le toit de l’église qui s’envole dans la tempête. Tous ces événements, censés animer le film, ne font que souligner avec force artificialité la vacuité de son propos. Chaque crise tombe comme un cheveu sur la soupe et les numéros d’acteurs ne suffisent pas pour intéresser le spectateur à l’histoire.
Orphans a donc un petit goût de film « scolaire » dans lequel les intentions de l’auteur sont trop visibles (ne pas faire un film de « réalisme social » ou un « film de jeune avec musique branchée »), et finissent par absorber toute l’attention. Pour sa prochaine réalisation, souhaitons que Peter Mullan se sente moins dans l’obligation de se démarquer des autres pour mieux se concentrer sur sa propre vision du cinéma…