Le premier film de Thadeus O’Sullivan souffre comme d’un vice de forme. Les ingrédients sont réunis pour proposer, sinon le film policier le plus stimulant de ces dernières années, au moins un spectacle amusant, enchaînement de situations cocasses servies par des interprètes jouant avec enthousiasme la carte de la comédie. Au lieu de ça, une atonie constante vide le film de tout intérêt. Dès le début, on prévoit le grand ennui ; on a le sentiment d’assister à la répétition d’une scène encore mal ficelée. Le plus triste est sans doute que l’énergie des acteurs -très visible- est utilisée à perte car, rien de ce qu’ils incarnent, rien de qu’ils jouent ne s’inscrit quelque part.
Qui sont ces Ordinary decent criminal ? Une bande de voleurs populaires qui multiplient les coups pendables à la barbe des services de police. L’action se passe à Dublin et tout le film essaie désespérément de donner de la chair et du charisme au chef de la bande, Michael Lynch interprété par Kevin Spacey. Un peu à la manière d’un Michael Mann, le réalisateur voudrait saisir son personnage en exposant aussi bien son ingéniosité à l’intérieur de son illégale activité -organiser des coups plus astucieux les uns que les autres- que sa vie intime au sein de son foyer. Kevin Spacey se prête à l’exercice avec la meilleure volonté même si l’on sent qu’il est peu à l’aise dans ce rôle très exposé, tellement même, qu’on se demande si les personnages qui l’entourent ont une quelconque importance. Entièrement construit autour de son héros, le film manque absolument d’un récit et ne propose jamais rien à l’image qui puisse nous sortir de la grande fatigue. On peut dormir… ou quitter la salle.