Parce que « action » ne rime pas avec « mollasson », Dominic Sena fait tout ce qu’il peut pour nous le prouver. Quelques scènes particulièrement (d)étonnantes arriveraient presque à nous convaincre si le scénario, signé Skip Woods, n’était pas aussi affligeant. C’était pourtant bien parti… Depuis sa sortie de prison, un pirate informatique (Hugh Jackman), condamné par la justice américaine pour avoir forcé les secrets du légendaire FBI, vivote dans une caravane au milieu de nulle part, en espérant récupérer la garde de sa fille Holly quand les lendemains chanteront. Mais c’est pas gagné. Heureusement, un espion richissime et peu scrupuleux (John Travolta, plus golden-boy que jamais) fait appel à ses talents de hacker pour détourner des fonds endormis et lui promet une somme d’argent extravagante afin de payer l’avocat qui saura lui rendre sa fille.
Pourquoi un film d’action doit-il presque systématiquement pâtir d’une intrigue débile et pas crédible pour un sou (un comble vu les budgets consacrés au genre) ? Opération Espadon s’inspire de l’univers du hacking, particulièrement obscur aux non-initiés (c’est-à-dire pratiquement tout le monde). Comme on n’y comprend rien, le scénario peut facilement noyer ses faiblesses dans un brouillard et un jargon pseudo-technologiques, et ce, sans prendre trop de risques. Si ce n’est celui de perdre en cours de route le spectateur qui, lui, se demande un peu naïvement, comment un homme hors-circuit, qui n’a pas touché un clavier d’ordinateur depuis plus de deux ans fait pour ne pas être dépassé par les nouvelles technologies. Le miracle américain sûrement… C’est bien dommage car le film n’est pas dénué de qualités, à commencer par les prouesses des effets spéciaux (le producteur Joël Silver est celui qui a initié ceux de Matrix) et des cascades à couper le souffle (notamment l’une des dernières scènes, vraiment impressionnante car tournée en direct, où un bus est hélitreuillé au-dessus de Los Angeles). Ajouté à cela, une construction et une mise en scène du récit parfois inventive (flash-back utilisés de façon surprenante pour recomposer le puzzle) et une distribution efficace d’acteurs dont un John Travolta assez machiavélique et heureux de l’être. Dommage, donc.