On va s’aimer, il faut le savoir, est l’adaptation d’un nanar espagnol jamais sorti en France, heureusement, qui s’intitulait El Otro lado de la cama (« l’autre côté du lit »). Ça n’était pas brillant brillant. On va s’aimer, c’est donc en premier lieu un barbecue sentimental où quatre personnages (deux gars, deux filles) se croisent dans la vie et dans le lit parce que, nous dit la pub, ils doivent apprendre à dire je t’aime. C’est vrai que c’est pas facile facile. Mais on peut tout dire en chansons. C’est là le point fort du film. On va s’aimer, donc, fait le pari tenté ailleurs, et bien mieux (par Resnais, par Guédiguian), que la chanson de variété est le grand almanach sentimental de notre temps. Qu’elle en dirait plus que tout discours. Peut-être. Alors les personnages se parlent et tout à coup en avant la musique. Par exemple, pour dire la tristesse, rien ne vaut Bibi. Ça reste à voir. Le problème, c’est qu’au bout de quelques séquences, étant donné l’extrême banalité des situations, des dialogues, de tout, quoi, cette mécanique druckerienne tourne dramatiquement à vide. Les chansons ne résonnent pas, c’est juste du remplissage de rien par du creux.
Donc au bout d’un moment, c’est tout juste si un personnage qui accepte un verre d’eau n’entonne pas Pour le plaisir de Herbert Léonard (paroles : Julien Lepers, NE L’OUBLIONS JAMAIS), ou si un autre, constatant une soudaine hausse de la température extérieure, ne va pas sauvagement entreprendre Y fait beau, y fait chaud. Disons que le programme du film, qu’on peut sans scrupules exagérés qualifier de tautologique, consiste à décréter que la musique est bonne, alors Viens danser et fais allégeance à Gilbert Montagné, la figure tutélaire de ce premier long métrage. C’est peut-être bien, le cinéma karaoké, mais cousu sur une comédie romantique sans charisme ni tenue, avec des acteurs gentils et souriants au beau soleil de la capitale, Herbert Léonard reste Herbert Léonard, Gilbert Montagné reste Gilbert Montagné, et Paris sera toujours Paris. Avec tout ça, on n’est pas très avancé.