Quatre potes apprentis gangsters décident de braquer une banque. A partir de cette trame qui aurait pu donner lieu à une comédie mordante sur l’inefficacité de bras cassés s’essayant au grand banditisme, le réalisateur Philippe Bérenger construit un pénible happening. Car le film porte bien son titre, et il n’est effectivement question dans On fait comme on a dit que de tchatche. Uniquement fondé sur la verve de ses personnages, les bons mots à gogo et les vannes qui tuent, le film se concentre sur la personnalité de ses interprètes. On y retrouve ainsi sans grande surprise Atmen Kelif dans le rôle du gentil benêt qu’il tient habituellement chez les Deschiens, Gad Elmaleh dans celui du leader fort en gueule mais couard, et Gilbert Melki tout droit sorti de La Vérité si je mens. Seul Yvan Le Bolloc’h (ex-coanimateur du Top 50 sur Canal +) nous offre la primeur de ses débuts au cinéma : l’occasion de découvrir malheureusement qu’il est un bien piètre acteur. Si quelques dialogues, qui fleurent bon le parlé des rues, nous amusent au début du film, leur accumulation devient vite lassante. Au bout d’une heure de joutes verbales, le spectateur a l’impression d’être retenu en otage au milieu d’une cour de récréation, forcé de subir les jérémiades de ces garçons immatures. Dans ce registre, si Berenger lorgne du côté de Tarantino et sa façon décalée de traiter ses héros, le résultat fait plutôt penser aux tics verbaux assommants des Bigard, Djamel Debbouze, Kad et Olivier et consorts.
Visiblement fait sans grands moyens, On fait comme on a dit s’égare en roue libre dès sa première moitié, comme si Philippe Bérenger n’arrivait plus à tenir le cap. La situation tourne en rond (le scénario accumule les diversions foireuses afin de gagner du temps et retarder au maximum le hold-up), les acteurs en rajoutent, se disputent une énième fois, et nous de commencer à sombrer doucement mais sûrement dans l’ennui. A la facilité des dialogues s’ajoute la maladresse du réalisateur quand il s’attaque enfin à l’action. Mise en scène de bric et de broc, décors cheap et acteurs de seconde zone (cf. l’improbable commissaire de police qui semble improviser son texte sous nos yeux) constituent la maigre portion de cinéma de ce film dont on peine à croire qu’il soit le deuxième du réalisateur.