Suite de l’épisode Eleven, qui comme prévu a de moins en moins à voir avec le métier de braqueur qu’avec celui de star. Comme prévu, parce que le film vend davantage un athlétisme glamour qu’une foire à la cambriole. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle : ici la star n’est pas qu’un produit d’appel, au contraire. Elle assure un service après-vente, pas seulement enfoncée dans les canapés en cuir des interviews promo, mais aussi dans le film lui-même. Julia Roberts, par exemple. On sait bien, on l’a dit partout, qu’elle est la plus grande. Mais là, elle joue Tess, la femme de George « Ocean » Clooney, et puis elle joue aussi Julia Roberts, ce qui n’est pas rien. Et avec le sourire, évidemment.
On reprend : dans Ocean’s Eleven, une sorte d’agence tous risques relookée par Cerruti dérobe pas loin de 200 millions de dollars, moins pour s’acheter des villas moches en Floride que pour les beaux yeux -on y revient- de l’alors ex femme du patron (Julia). Le floué (Andy Garcia) retrouve quelques années plus tard les voleurs sympas et leur réclame ses sous ainsi que des intérêts. D’où : épisode 2. Où l’équipe -fine- reprend du service pour collecter l’équivalent de ce que chacun a dépensé. Mais trouve sur sa route un cambrioleur star, mi-streetwear, mi-Dior, un Français (aïe) prétentieux (ouille) qui lui lance un défi : à qui sera le plus malin, doublera l’autre, empochera le cadeau bonus (cette année : un oeuf de Fabergé).
On sait qui va perdre mais qu’importe, le film se joue ailleurs, sur une astuce un chouïa arrogante, mais tellement plaisante : faire croire que tout est complexe (high-tech, ingénieux, guiness book du brainstorming), et quand vous demandez des explications, alors on vous répond que pas du tout, en fait c’était simple comme bonjour. Rien de plus agréable que de se faire avoir par plus smart que soi. Tout cela n’est pas très neuf, c’est le privilège des élus de l’écran, quand ils portent bien. Donc, le film lui-même : à la fois très creux, foutu très foutraquement (un scénario qui multiplie les embrouilles pour illustrer l’astuce décrite ci-dessus) avec une caméra portée légère comme la cravate satin de Brad, et finalement plaisant comme un bonbon light, pas plus, mais pas moins. Comédie plus que polar, qui s’attache à l’éloge d’un chic qu’on dira beverlyhillsien -c’est dire s’il y a mieux. Enfin c’est assez drôle, c’est un cinéma snob-cheap (ça existe), donc forcément attachant, qui se laisse voir avec un plaisir pas du tout interdit.