New blood est l’un de ces « néo-polars-post-Tarantino » particulièrement alambiqués. Le réalisateur croit nous impressionner à coup d’innombrables revirements de situations et de flashes-back mensongers mais il ne fait que brasser du vent. Toute l’ironie (involontaire) de la chose est que ce polar frelaté a pour titre New blood (« sang frais ») ; comment, en effet, prétendre revivifier un genre alors que l’on ne dispose que d’un pauvre attirail de tics visuels et scénaristiques ?
En réalité, le sang frais dont il est question est celui de Danny et sa bande, des petits voyous sans grande envergure qui aimeraient bien prendre du galon. Ainsi, lorsque de véritables gangsters leur proposent de participer à un kidnapping, ils acceptent sans hésiter. Mais le coup est un ratage complet et l’otage meurt. Pas d’otage donc pas de rançon. Or, les commanditaires de l’opération sont loin d’être des enfants de chœur et Danny et sa bande risquent fort d’y passer à leur tour. Pour sauver ses amis, Danny, mortellement blessé, est prêt à tout. Jusqu’ici tout va bien, la situation est relativement simple, mais ces quelques lignes ne représentent que la première strate d’un récit on ne peut plus entortillé. Deuxième acte : Danny a une petite sœur qui est à l’hôpital dans l’attente d’une greffe du cœur. Se sachant condamné, il est prêt à offrir le sien. En échange, son père, qu’il déteste, doit prendre la place de l’otage pour que les truands soient persuadés que tout s’est bien passé. Le père accepte tout en sachant qu’il est condamné, car il est prévu que le prisonnier soit exécuté après remise de la rançon. Truffé de chausse-trapes, le film, telle une girouette, ne cesse de changer de direction au gré des traîtrises et de la mort des uns et des autres. Tout le monde trahit tout le monde et il y a très peu de rescapés dans ce jeu de massacre et de dupes. De quoi provoquer le tournis chez n’importe quel spectateur aguerri, mais aussi un profond ennui après les deux-trois premiers -parmi des dizaines- rebondissements.
Petit conseil : méfiez-vous des films interprétés par Carie-Anne Moss et Joe Pantoliano. C’est la deuxième fois que l’on se fait piéger -après le très dispensable Memento- par un polar gratuitement complexe et soi-disant cérébral dans lequel ce duo d’acteurs fait l’affiche.