Ne pas avaler est un film noir, très noir, sans concessions. Avec ce récit transposé mais largement autobiographique, Gary Oldman (le méchant du cinéma américain) nous décrit la vie d’une famille ordinaire dans un quartier sud de Londres. Pour tous, c’est la galère, la violence quotidienne, les petites combines et au bout du parcours, la taule.Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici de se fendre la poire. Non, l’auteur semble plutôt vouloir règler ses comptes avec un passé lourd. Lui-même dit que Nil by mouth est le blues de ses souvenirs.
Tous les personnages sont en proie au mal de vivre et chez les hommes, ça se traduit par une fuite effrénée dans l’alcool ou la drogue (voire les deux). Ce que nous montre bien, sans fausse pudeur, la caméra de Oldman, au plus près de ses personnages. Il ne nous épargne rien, pas même leur déchéance physique et les corps meurtris. Il en résulte une illustration convaincante de la faiblesse des hommes, moins aptes que les femmes à reconnaître leur quête (souvent maladroite !) d’amour et de tendresse. Le film débute dans la noirceur totale et se termine sur un petit air d’optimisme léger (très léger !). Agréable.
Récompensée à Cannes en mai dernier, la performance de l’actrice Kathy Burke ne doit pas faire oublier celle de tous les autres, acteurs professionnels ou non. Méconnus pour la plupart, ils sont absolument parfaits. Si chacun doit être averti qu’il n’en ressortira pas forcément indemne, il serait dommage de passer à côté de cette tranche de cinéma vérité. Ne pas avaler est un premier film (produit par Luc Besson), certes imparfait, mais fort et dérangeant.