Digne d’un « Monique, deux qui la tiennent, trois qui la niquent », le sous titre du premier long métrage de Valérie Guignabodet, « Monique, toujours contente », annonce la couleur de cette comédie plus vulgaire que vraiment drôle. Quadragénaire aigri par un mariage routinier et un boulot de photographe pour lequel il n’éprouve plus vraiment d’intérêt, Alex (Albert Dupontel) commande sur Internet, un soir de biture solitaire, une poupée en silicone moulé. Plus vraie que nature et, surtout, extrêmement sexy, celle-ci le conquiert de suite. S’en suit une relation passionnée et exclusive entre la mannequin mutique et Alex qui délaisse complètement sa femme. Malgré un sujet passionnant et finalement pas si drôle que ça -on imagine le degré de désespoir et de désillusion des amateurs de ces poupées sans vie-, Valérie Guignabodet trouve le moyen de maintenir tout du long une ambiance potache de vaudeville du samedi soir.
Alors même qu’elle dispose de l’acteur idéal en la personne d’Albert Dupontel, dont le jeu à la fois grave et burlesque aurait pu amener un tour plus dérangeant à cette comédie, la réalisatrice cantonne ce dernier dans un rôle de doux mongolo et lui adjoint une troupe de « gueules » vue et revues dans la pub ou les séries télé franchouillardes. Du coup, Monique tient plus de la discussion de comptoir que de la réflexion pertinente sur le malaise sexuel de son héros. Comme si elle n’en avait pas déjà assez fait, la cinéaste clôt son film d’une manière douteuse qui laisse quelque peu pantois : pour reconquérir son mari, la femme d’Alex se transforme en clone de Monique c’est à dire en bimbo pétasse avec lèvres gonflées et jupe ras la touffe. Un final qu’appréciera sûrement la gent féminine et dont on n’est pas sûr que Valérie Guignabodet saisisse vraiment la portée. Issue du monde de la télé pour lequel elle signa entre autres le scénario de la saga Dans un grand vent de fleurs, Valérie Guignabodet aurait sans doute dû rester dans la petite lucarne et ses cases « divertissement », espace plus en adéquation avec ses ambitions.