La Coupe du monde 1998 est-elle en passe de devenir une source d’inspiration récurrente pour le cinéma français ? Comme dans Deuxième vie, de Patrick Braoudé, elle constitue en tout cas la toile de fond de Mondialito. Quelques jours avant la demi-finale entre le Brésil et les Pays-Bas, Georges quitte brutalement son travail de pompiste dans une station-service perdue au milieu des Bouches-du-Rhône. Outre l’argent de la caisse et la voiture de son patron, il emmène avec lui un orphelin d’une dizaine d’années, Abdou, qui a une idée fixe : assister au match dans les tribunes du stade vélodrome à Marseille. Sur leur route, les deux compagnons croiseront plusieurs individus tout aussi marginaux et loufoques, parmi lesquels Louisa, une jeune fille spécialisée dans le commerce de caniches, Oleg, un VRP russe et ubuesque, et deux gitans tout droit sortis de l’univers d’Emir Kusturica.
Bien qu’explicitement ancré dans le genre du road movie, Mondialito se caractérise surtout par de multiples références au cinéma de Sergio Leone. La citation la plus évidente étant cet inquiétant flash-back dont l’ambiance et le décor évoquent fortement le souvenir traumatique de l’homme à l’harmonica dans Il était une fois dans l’Ouest. Comme lui, Georges est hanté par une sorte de scène primitive à la suite de laquelle il a dû changer d’identité (son véritable nom est Ahmed) et de vie. Au-delà de cette analogie thématique, Mondialito rend aussi un hommage appuyé à l’esthétique du western spaghetti, en reprenant deux de ses traits distinctifs : la prépondérance du gros plan et la chorégraphie du duel. Le problème, c’est que ce mimétisme se montre plus inhibant qu’inspirateur pour Nicolas Wadimoff. Trop respectueux de ses références, le réalisateur ne parvient ni à s’inventer un registre original ni à dépasser un maniérisme souvent maladroit. Aussi bien dans la direction d’acteurs que dans la mise en scène, Mondialito souffre en effet de nombreux tics qui deviennent rapidement exaspérants. Outre une bande-son d’une rare médiocrité, on retiendra surtout les vociférations des personnages et une fâcheuse tendance à fabriquer des images d’Epinal sans la moindre épaisseur affective : le Russe porté sur la bouteille, les gitans louches mais sympathiques, le Provençal raciste, etc. Handicapé par tous ces stéréotypes, Mondialito se perd peu à peu dans une imagerie de téléfilm, entre grandiloquence et vulgarité.