Elle a fait des bébés toute seule. Anne (Victoria Abril), mère de trois enfants, tous de pères différents, mène une vie dynamique à Paris jusqu’au jour où le dernier de ses rejetons se met en tête de connaître son géniteur. Mamie s’en mêle et organise un concours, inventé de toutes pièces, pour que les papas, les enfants, les belles-mamans, les demi-frères et sœurs, se retrouvent, comme par hasard, dans un village de vacances au Mexique. A défaut de portes qui claquent, Charlotte de Turckheim nous offre, pour son premier film, des paillotes qui tremblent dans ce vaudeville sous le soleil mexicain. Quiproquos incessants, dialogues qui font mouche à chaque fois, gamins ayant un sens de la répartie particulièrement agaçant, une bonne humeur générale frôlant l’hystérie, parions que Mon père, ma mère… fera les beaux jours d’une programmation dominicale sur TF1.
Comme placé sous le haut patronage d’un magazine féminin, le film de Charlotte de Turckheim nous parle de la famille d’aujourd’hui. Celle de la femme énergique qui élève seule ses trois enfants, s’accomplit dans son métier et qui, de surcroît, est heureuse, on n’est pas loin d’une Julie Lescaut… Mais vous avez droit au supplément déco, sans lequel aucune femme qui se respecte ne pourrait survivre.
Victoria Abril, égérie almodovarienne oblige, déambule dans un Mexique flashy. La réalisatrice a beau placer son film sous le parrainage du mouvement architectural mexicain mené par Baragan, tout cela sent le papier glacé à plein nez. Beaucoup de rose, un peu de turquoise, du violet, du jaune, l’hôtel de Mon père, ma mère… n’est rien d’autre que le mode d’emploi sur pellicule pour redécorer sa résidence d’été aux couleurs tendances, tout en épatant ses amis. Voilà certainement la seule raison d’avoir situé le film dans un pays latino. Le reste n’est que pacotille, quelques plans d’un site archéologique, pour faire authentique, une mer transparente, pour faire rêver, et une scène dans un marché pour programmer son futur shopping déco tendance éthno (une fois le billet d’avion réservé). Mon père, ma mère… est un film de copines quadra qui se croient branchées parce qu’elles feuillettent Elle, mais qui, en réalité, sont le summum de la ringardise.