Premier long métrage du comédien Guillaume Canet, Mon idole confirme la nouvelle tendance à la mode chez les acteurs français en quête de respectabilité : passer derrière la caméra. Moins prétentieux que la free-trilogie de Jean-Marc Barr et moins pleurnichard que le Parlez-moi d’amour de Sophie Marceau, Mon idole surprend agréablement lors d’une première partie plutôt enlevée. On y suit les mésaventures de Bastien, un jeune chauffeur de salle qui nourrit secrètement le rêve de devenir présentateur télé. Fasciné par le PDG de la chaîne, il finira par accepter les pires humiliations -entre autres devenir le bouffon privé de Monsieur et Madame- dans l’espoir d’une promotion. Plutôt bien scénarisé, le film de Canet lorgne du côté de la comédie de mœurs -la description du monde de la télé transformé en bestiaire grotesque- pour s’aventurer petit à petit vers l’absurde. Coincé dans la résidence secondaire de son patron lors d’un week-end de « brainstorming », Bastien doit subir les humeurs et les extravagances du grand manitou, bourgeois désoeuvré aux délires malsains.
Hélas, Mon idole ne continue pas sur sa lancée et s’essouffle en milieu de parcours. Comme s’il était à cours d’idées, Canet tente de relancer la machine en donnant un tour plus sombre à son histoire avec notamment une scène de course poursuite dans la nuit. Mais le film se perd en péripéties anecdotiques (la visite chez le voisin interprété par un Daniel Prévost particulièrement pénible) et en polar ridicule (l’enterrement de l’animateur assassiné). Ecourté d’une bonne demi-heure, Mon idole aurait pu passer pour une efficace comédie stigmatisant les ambitions d’un héros prêt à tout pour réussir. Au lieu de cela, on a plutôt l’impression d’être face à un mauvais boulevard qui aurait gagné à se resserrer sur son sujet d’origine. Pour ses premiers pas derrière la caméra, Canet fait donc preuve d’un regrettable excès de gourmandise, un pêché qui vaut au film de perdre peu à peu de sa cohésion et de sa pertinence.