Avec Mon capitaine, un homme d’honneur, le cinéma italien apporte lui aussi sa contribution à la vague de films consacrés à l’homosexualité qui déferlent sur nos écrans avec plus ou moins de bonheur. Cette tentative n’est malheureusement pas des plus heureuses et ne contribue certainement pas à lutter contre les préjugés qui circulent encore en la matière. C’est en effet un tableau particulièrement sordide et malsain que nous trace Massimo Spano dans ce film. L’histoire est celle de Saro, un jeune homme qui, pour effectuer son service militaire, a choisi d’incorporer une unité d’élite : le Bataillon des troupes aéroportées. Celui-ci se lie d’amitié avec son sergent, Gianni, lequel ne cache pas son attirance pour les hommes en général, et pour le jeune garçon en particulier. Le drame survient lorsque Saro se fait violer par le Capitaine de son régiment, Roatta (Jean-Marc Barr), qui terrorise le régiment tout entier de ses brimades sadiques. Saro décide alors de braver la loi du silence que semble lui imposer le statut intouchable de son tortionnaire, ce qui sera pour lui une véritable traversée du désert.
Cette intrigue qui aurait pu donner lieu à une analyse des conflits qui opposent l’individu au respect de la hiérarchie est malheureusement traitée par Massimo Spano de façon proprement imbuvable. C’est tout d’abord d’une complaisance un peu trop insistante pour les images de filles à moitié nues, de travestis et transexuels, jusqu’aux scènes de sexe filmées avec une lourdeur inégalée. C’est ensuite une série de portraits stéréotypés totalement irrecevables : pas de confusion des rôles possible dans ce film, la frontière qui sépare les bons des méchants est marquée au feutre rouge… Entre le Capitaine Roatta, pervers cynique qui profite de son pouvoir pour abuser des jeunes appelés et son acolyte qui frappe sa femme et ruine l’entreprise familiale pour mieux laisser cours à ses pulsions homosexuelles et pédophiles, difficile de croire en ces réincarnations de Satan sur terre…
Les tentatives de justification de la pratique homosexuelle dans l’armée en rapport avec l’héritage de la tradition spartiate fait proprement pitié et contribue encore à éloigner ce film de la réalité de l’homosexualité. Somme toute, et pour faire dans l’euphémisme, ces personnages tracés à gros coups de crayon n’ont plus grand chose d’humain qui puisse susciter l’intérêt du spectateur pour leur histoire. La caricature caractérise ce film jusqu’à la scène finale où le Capitaine Roatta se suicide en plein tribunal, alors que la justice s’apprête à le condamner…