Comédie vantée sur les affiches pour son coup de force dans le box-office, Mon beau-père et moi exploite à fond la situation vaudevillesque de la présentation officielle du prétendant aux parents. Le « candidat » est Greg Focker (le mal nommé), un jeune infirmier new-yorkais qui a pour promise une jeune fille BCBG interprétée par Teri Polo. Mais le père de sa promise n’est autre que Robert de Niro dans la peau d’un ex-agent de la CIA plutôt ronchon, reconverti dans la vente de caméras miniatures (à planquer dans les bibelots pour espionner la baby-sitter !). Pendant ce week-end, ce beau-père que l’on ne souhaite à personne fera tout, même le plus invraisemblable, pour terroriser ce pauvre gaffeur de Greg, qui provoquera malgré lui une suite de catastrophes.
Jay Roach, initiateur avec Mike Myers de la veine graveleuse revival (il a signé la réalisation des deux Austin Powers), revient au bon vieil humour satirique, branche solide de la comédie américaine. Le public d’outre-Atlantique, imprévisible, a plébiscité ce film, fort d’un casting attractif, mais dont le sujet paraissait pourtant bien limité. D’ailleurs, vérification faite, le scénario tient sur une idée qui s’épuise au bout de quelques minutes. Le reste n’est donc que du remplissage, même s’il est de relativement bonne qualité.
Non que les gags de Mon beau-père et moi ne soient pas drôles. Quelques scènes, employant à bon escient les bonnes vieilles ficelles du burlesque, bénéficient d’un timing très efficace. Mais l’ensemble n’a vraiment rien d’innovant, et les idées un tant soit peu originales se noient dans une structure consensuelle qui s’empresse de remettre la réalisation gentiment déjantée de Jay Roach sur le droit chemin. Avec ce comique bourgeois, parodique à peu de frais, le réalisateur donne l’impression de rentrer dans le rang. Mon beau-père et moi ressemble effectivement à une version coincée de Mary à tout prix : une comédie calme, bienséante. Et qui sous ses airs grivois et corrosifs reste parfaitement inoffensive. Quant à Robert de Niro, sa manière de jouer commodément la carte de l’autodérision ne convainc qu’à moitié. Il se fait sans mal voler la vedette par Ben Stiller, plutôt à l’aise dans le rôle du gendre martyr. Ses gesticulations et ses mimiques d’impuissance, malgré le déjà-vu des situations, apportent humanité et fraîcheur au film et nous préservent efficacement de l’ennui.