Julia, employée d’une agence immobilière, fait visiter à longueur de journée un luxueux appartement. En attendant un locataire, elle investit les lieux malgré la réticence de Ricardo, son vieil amant abonné aux boulots minables. Un jour, un dégât des eaux l’amène à découvrir la mort du voisin du dessus, dévoré par les rats dans un taudis insalubre. Julia trouve un magot caché dans son appartement, mais les autres locataires, tous caractériels, la soupçonnent et se liguent contre elle…
Comédie horrifique, Mes chers voisins ne convainc ni par son humour ni par sa noirceur. Alex de la Iglésia, marchant d’un pas mal assuré sur les traces d’un Roman Polanski, ne parvient jamais à trouver un ton personnel, à imposer ces personnages autrement que par une loufoquerie apprêtée. Ses intentions sont trop claires pour exciter le spectateur ou faire naître le trouble. Il cherche à nous faire rire et peur à la fois, mais subordonne son film à ces effets qu’il ne maîtrise pas, empruntant les recettes des autres. Restent les personnages -le soi-disant point fort du film-, mais l’héroïne, Julia, pétulante quadragénaire interprétée avec entrain par Carmen Maura, perd rapidement de son charme en volant l’argent du mort. Le réalisateur semble tenir pour acquis que l’on soit de son côté, mais elle n’éveille en fin de compte aucun sentiment. On s’oriente ensuite vers le portrait de groupe, la « communauté » (le titre espagnol) des locataires malveillants. Là aussi, aucune figure ne se détache vraiment, et Mes chers voisins tourne au jeu de massacre potache en s’embourbant dans une esthétique bâtarde, entre vaudeville et série Z. Cette manière de tout figer dans une ironie de seconde main fait perdre au film tout mystère et tout intérêt.