A première vue, le film de Philippe Galland dresse le simple portrait d’un individu assez représentatif de la communauté pakistanaise travaillant dans le sentier. Sans tomber dans les généralités et la grossière caricature -risques difficilement évitables lorsqu’un tel sujet est traité-, Merci mon chien raconte l’histoire d’un sans-papiers. Travailleur clandestin surexploité, Amir est employé depuis sept ans chez Jo, un des commerçants du quartier. Aveuglé par la réussite, et incapable de se rendre compte que ce Pakistanais est la raison premère du bon fonctionnement de son magasin, Jo perd son employé au cours d’une partie de poker -afin d’effacer une dette de jeu qu’il a envers un collègue. D’un jour à l’autre, Amir se retrouve donc chez Raph, le gérant d’un magasin au bord de la faillite. Son travail va petit à petit faire repartir la boutique, tandis que celle de Jo va progressivement faire faillite…
En nous présentant son personnage principal, le réalisateur en profite pour nous décrire l’attitude adoptée par deux sinistres employeurs envers un travailleur clandestin. Celle-ci n’est pas uniquement caractérisée par un simple et haineux mépris envers l’étranger (comme on aurait pu s’y attendre), mais aussi par l’obstination des patrons à penser que la réussite d’une entreprise ne peut être due à un « simple » immigré. La scène d’introduction, durant laquelle Jo lègue son employé tel un objet, est d’ailleurs une bonne entrée en matière, sans pour autant imaginer jusqu’où ce genre d’attitude peut aller…
Philippe Galland montre tout au long du film l’impuissance d’Amir -une impuissance due à sa timidité et à un manque de courage évident, ce qui l’empêche de réclamer un juste retour des choses-, et évite ici les relations stéréotypées entre ses personnages. Merci mon chien pointe un doigt sur un véritable manque de confiance de tout homme envers l’immigré, et plutôt que de montrer au spectateur un vulgaire racisme facile à dénoncer, le réalisateur affiche ici un véritable problème de rapports humains.
Malheureusement, de nombreux détails assez gênants font fréquemment irruption et rendent le film trop irrégulier. La séquence où Amir met à terre trois agresseurs skinheads est, en ce sens, à la limite de l’invraisemblable. Le jeu de Laurent Olmedo, ainsi que celui de Jean Benguigui, laisse parfois à désirer ; sans parler de celui de Marie Munoz -on se demande si cette actrice en est vraiment une. Ces points faibles sont d’autant plus flagrants lorsqu’ils côtoient les qualités indéniables du film, comme par exemple les performances d’acteurs de Atmen Kelif ou de Yolande Moreau. Mais à défaut d’une mise en scène rigoureuse et d’interprètes imposants, Merci mon chien n’en reste pas moins un film singulier par son discours échappant à de nombreux clichés.