Men in black 2 n’est pas à proprement parler un film, plutôt un prolongement, une ramification, une simple ballade dans un univers pré-existant, la continuité d’un grand-tout déjà loin (le premier épisode date de 1997). Scénario inexistant, interprétation en roue libre, effets spéciaux souvent dignes d’une série Z : cette suite ne trouve d’intérêt que dans l’immense capital sympathie laissé en héritage par la mouture initiale de Barry Sonnenfeld. Cet aspect fumiste de MIB 2 est aussi, curieusement, à l’origine d’un étrange -bien que relatif- pouvoir de fascination. Il y a en effet chez Sonnenfeld quelque chose d’inné qui tient d’une croyance toujours renouvelée dans l’instantané du gag, son affranchissement de tout enjeu d’ensemble, une sorte de goût pour la saynète gratuite qui, le temps d’un grisant tour de passe-passe, suffit à relancer la machine au moment où l’on s’y attend le moins.
Cela était déjà vrai pour Les Mystères de l’Ouest (malgré une interminable fin, le film tenait quasiment sur du vent), et encore plus ici. Le plaisir pris à la vision de MIB 2 est celui d’une pure logique consumériste, il répond moins à la mise en place d’un projet cinématographique qu’à une succession de moments volés à la grande machine qui commande chacun de ses gestes. Sonnenfeld est un faiseur, presque un tâcheron, mais sa posture mi-sérieuse (vous en aurez pour votre argent), mi roublarde (mais surtout pas plus) lui confère un statut particulier dans le système hollywoodien. On ne trouve chez lui ni discours -même pas celui, protectionniste, d’un Emmerich ou d’un Bruckheimer- ni opportunisme lié à une quelconque mode (ses films ont tous quelque chose d’étrangement atonal, voire désuet, jusque dans leur durée : même pas 1h30 ici). Juste la certitude qu’au cinéma, comme ailleurs, tout est échange de bons procédés sans que personne -et surtout pas le spectateur- n’en soit dupe.
Voilà peut-être ce qui rend le film si sympathique : une candeur de tous les instants qui jamais ne se départit d’une certaine malice. MIB 2 file à la manière d’un petit ruisseau d’eau claire (on y trouve aucune mise en perspective, pas une seule tentative d’épaissir la portée ludique de son cours) et parvient à faire oublier simultanément d’où il vient -une usine à blockbusters formatés- et où il va (une gigantesque marée de spectateurs de tous âges et toutes catégories possibles). Ce goût pour l’immédiateté autant que l’expressionnisme des gags, tenant d’une sorte de burlesque des corps, voix et figures humaines ou extraterrestres, disent bien la portée d’un tel film : moins la recherche d’un produit fini convenu -concentration et mécanisation du spectacle- que son éclatement en un puzzle aux pièces disparates et remodelables à l’infini.