Vu, il y a quelques mois sur Canal+, Mémoires d’immigrés est un documentaire essentiel et passionnant. C’est donc une excellente initiative de nous l’offrir à présent sur grand écran. Yamina Benguigui, la réalisatrice, reconstitue le passé de la communauté maghrébine en suivant le parcours d’un certain nombre de ses membres.
Le film découpé en trois parties évoque trois générations. Tout d’abord et peut être le plus émouvant des volets, le témoignage des pères, arrivés, pour les premiers, au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Regroupés, ces hommes travaillent durement à la reconstruction de la France, dans l’espoir d’un retour prochain au pays. Second volet, celui consacré aux mères qui arrivent à partir de 1974 dans le cadre du regroupement familial décidé par le gouvernement pour mettre un terme à l’immigration.
Troisième et dernière partie, les enfants. Nés pour la plupart sur le sol français et baptisés génération « beur », la plupart sont considérés comme des immigrés dans leur région d’origine.
Tous, en tout cas, cherchent leur place dans une société ingrate ayant tendance à oublier un peu rapidement son récent passé.
Avec ce film tour à tour émouvant, drôle, toujours juste, sensible et sans concessions, Yamina Benguigui a réalisé un indispensable travail de mémoire qui devrait entrer dans les annales et être montré au plus grand nombre. Sa sortie en salle est à ce titre un bonus non négligeable.