Après avoir été « simple flic », SDF et casque bleu, Gérard Jugnot s’empare maintenant de ciseaux de coiffeur, restaurant les teintures bleuissantes de ses clientes, pour la plupart retraitées du charmant petit port de Bretagne où il exerce ses talents. Pour nous qui connaissons la calvitie de longue date de l’ex-père Noël, la moumoute juchée sur le crâne d’Yvon (le nom du personnage) ajoute beaucoup au comique de sa première apparition. Un moment savoureux où il tente de dissuader une de ses clientes -obèse et ridée- de vouloir ressembler à Sophie Marceau. Puis, on apprend qu’Yvon a une fille, Laetitia, qui vient à son insu de passer un casting avec un cinéaste en vue. La jeune fille a été retenue pour un premier rôle. Le père bougon, qui a en vue l’avenir de sa fille dans le domaine capillaire, ne voit pas ça comme une aubaine.
Meilleur espoir féminin exploite donc le décalage permanent d’un petit coiffeur de province, père tendre mais autoritaire, déboulant sur un plateau de tournage pour surveiller sa progéniture. C’est une idée de comédie comme une autre, et le tout aurait pu être distrayant et enlevé, voire charmant, si seulement Jugnot y avait mis un peu d’entrain et de cœur. Mais le casting comme le décor donnent l’impression d’être en porte-à-faux permanent, et aucun des acteurs ne semble y croire ni même s’amuser. Ce scénario classique, mais solide, paraît avoir paralysé tout le monde, au point que les meilleures répliques tombent invariablement à plat, peu soutenues par un rythme globalement mou. Les seuls moments à sauver sont ceux où ce père que l’on ne souhaite à personne témoigne son amour à sa fille tout en restant complètement buté. On sent alors poindre une certaine conviction, des choix de mise en scène plus affirmés, et même le tempérament de Jugnot acteur et metteur en scène. Mais ça surnage à peine dans l’insignifiance et la médiocrité de ce film, avatar sans magie d’un savoir-faire visiblement perdu.